Soyons franc, je n’ai aucune adoration coupable pour Wright, Pegg et consorts, si je me suis laissé aller un jour jusqu’à un 6 immodéré c’était uniquement pour les beaux yeux de Mary Elizabeth Winstead et certainement pas pour les prétendues qualités de mise en scène d’un de ces objets un peu indigestes et toujours malhabiles qui se regardent facilement et s’oublient encore plus facilement…

C’est donc sans espoir particulier que j’ai profité de mes dernières places gratuites pour aller en demi-bande assister à la tournée des grands ducs de cinq vieux amis en pèlerinage sur leurs exploits de jeunesse…

Et là, tout de suite, malgré mon amour très modéré pour ce breuvage de barbare, j’aurais pu me prendre au charme de ce Barathon des grands jours, cette épopée du pochtron magnifique, du hâbleur éthylique, du baratineur sans vergogne, du casse-couille intemporel … J’aurais pu si pour le rôle principal Simon Pegg avait su laisser la place à un acteur qui possédait réellement les épaules nécessaire à l’incarnation d’un tel personnage. Parce que, soyons franc, s’il est crédible en boulet clochardisant ou auparavant en flic semi-demeuré mental, le bougre a du mal à rendre son physique de Roland Giraud émacié digne du héros qu’il interprète, un héros déchu, certes, mais supposé possesseur de charisme, de leadership, d’entrain contagieux…

Il faut donc se rabattre sur les seconds rôles pour trouver un peu de fraîcheur, et heureusement, les Britons font ça comme personne, à discutailler comme des couillons sur le nom de leurs machins…

A propos de machins, finalement, on s’en serait bien passé, ça n’apporte finalement pas grand-chose, trois gouttes de liquide bleu et six membres arrachés n’ont jamais été chez moi le déclencheur de l’hilarité qui emportait sauvagement mon voisin de gauche à la bestiolité plus à prouver, et puis, ça tourne vite à vide, le rythme ne suit pas, on essaie de forcer la dose, plus de rayons bleus, plus de Pierce, plus de course, plus de membres arrachés, plus de n’importe-quoi final, plus d’ennui aussi, beaucoup plus…

Mais bon, ça reste gentil, je ne me suis pas endormi, j’ai bien hurlé de désespoir une fois ou deux sur la fin, au moment des blasphèmes, mais c’était plus bête que méchant… enfin, ça fait mal quand même… J’étais à deux doigts de m’énerver vraiment et puis, à la dernière minute, je me suis rendu compte qu’il ne s’agissait finalement que d’une histoire de pinte… et pour moi, après tout, entre buveurs de bière ou buveurs d’eau, la frontière est encore mince et la dégénérescence de chaque instant, reprenons plutôt tous en choeur la douce chanson morale de Louis-Philippe de Ségur (air connu) :

♫ Quand Dieu noya le genre humain
Il sauva Noé du naufrage
Et dit, en lui donnant du vin :
Voilà ce que doit boire un sage
Buvons-en donc jusqu’au tombeau
Car, d’après l’arrêt d’un tel juge
Tous les méchants sont buveurs d’eau
C’est bien prouvé par le Déluge. ♫

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le 4 sept. 2013

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Torpenn

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