Au virage des années 90, Joel Silver est le producteur le plus puissant de l'industrie hollywoodienne, et Shane Black le scénariste le plus en vue et le mieux payé. D'ailleurs les deux hommes sortent d'un énorme succès avec "Lethal Weapon", sorti en 1987.
Quant à Tony Scott, il a lui aussi le vent en poupe, puisqu'il vient d'enchaîner "Top Gun", "Le flic de Beverly Hills 2" et "Jours de tonnerre".
Pourtant, en voulant associer leurs talents sur une nouvelle mouture de buddy movie, plus sombre et plus violent, ces trois garçons dans le vent vont essuyer un bide au box-office avec "The last boy scout", sorti au moment des fêtes de fin d'année, peu propice à une telle débauche de brutalité.
"Le dernier samaritain" ne manquait pourtant pas d'atouts pour séduire le public américain, à commencer par la présence de la star Bruce Willis, qui incarne une version encore plus badass de son personnage de John MacLane dans "Die Hard".
Il est associé à Damon Wayans, vedette de la TV mais encore quasi débutant au cinéma, dans un casting qui comprend aussi Bruce McGill, Kim Coates et la très jeune Halle Berry.
Si les diverses cascades sont spectaculaires et si les punchlines pleuvent avec une belle régularité, le scénario est le gros point faible du "Dernier samaritain", qui propose un récit faussement alambiqué dont on se contrefout assez rapidement.
Il est question de magouilles dans le football américain, dans lesquelles sont impliqués de gros bonnets évidemment très vilains, tandis que nos deux héros borderline sont dotés chacun d'un lourd passé, qui les a poussé vers l'alcool pour l'un, vers la cocaïne pour l'autre. Je vous rassure, leurs problèmes seront résolus à la fin, dans un happy end général, en dépit des nombreux morts laissés sur leur passage.
Au final, "The last boy scout" est donc un divertissement ancré dans son époque, pas franchement emballant, mais qui s'inscrit en bonne place au panthéon du buddy movie, d'autant que la réalisation de Tony Scott a assez peu vieilli.
Une œuvre qui préfigure bien le film suivant du bonhomme, à savoir "True romance", qui restera à jamais le chef d'œuvre de sa filmographie.