Ambitieux mais très décevant

Petit film de science-fiction qui entend démontrer que le cinéma français est capable de proposer des œuvres ambitieuses et intéressantes dans ce genre, Le Dernier voyage de Romain Quirot, dont c’est le premier film, est pétrit de bonnes intentions mais échoue totalement dans ses ambitions et dans le fait même d’être tout simplement un bon film.

À croire que seul Luc Besson peut réussir à proposer des films de science-fiction de qualité dans notre paysage cinématographique. Dans la brume (2018) de Daniel Roby avec Romain Duris et Olga Kurylenko avait été une jolie surprise dans le genre, et à la vue de la bande-annonce du Dernier voyage l’on pouvait s’attendre également à un film de qualité. Il s’avère en fait que non car le premier film du jeune réalisateur est une grande déception dont le scénario, cousu de fil blanc et à la fin incompréhensible, peine à convaincre. Les références de Romain Quirot pour son film sont très claires, de Mad Max : Fury Road au Cinquième Élément jusqu’à 2001 : L’Odyssée de l’Espace, Blade Runner ou Le Dernier combat, mais elles ne suffisent pas à l’élever au rang de bon film ou de sympathique divertissement de science-fiction.

L’intrigue de départ suit un astronaute en fuite qui refuse d’accomplir sa mission de détruire une Lune rouge qui menace notre planète. Le film se transforme alors en road movie où notre héros, accompagné d’une fillette, effectue une sorte de voyage intimiste afin de comprendre les visions qu’il a depuis tout jeune sur le fait de ne pas détruire la Lune rouge. Intéressant sur le papier, l’histoire du Dernier voyage est malheureusement très mal racontée et mise en scène par Romain Quirot qui n’arrive pas à faire comprendre aux spectateurs les enjeux de son histoire ni l’aboutissement de celle-ci. Tout paraît très abstrait et convenu, et je cherche encore à comprendre la fin du film c’est pour dire tant tout est très énigmatique.

Certaines parties du scénario sont en effet très mal imbriquées dans l’ensemble, à commencer par l’histoire du frère du héros qui arrive comme un cheveu sur la soupe (d’où tient-il ses « pouvoirs », pourquoi fait-il du mal aux gens qu’il croise, quel rapport avec la Lune rouge ? Prend-elle possession des individus une fois qu’ils entrent en contact avec elle ?). L’intrigue autour de cette fameuse Lune rouge est d’ailleurs très étrange et mal exploitée (est-ce une entité extraterrestre bienveillante ou malveillante ? Que fait-elle au juste ? Y-a-t-il un discours écologique comme la fin le suggère ?) et les flashbacks en noir et blanc autour du passé du héros ne sont, de leur côté, pas expliqués du tout (quel rapport entre sa mission et la mort de sa mère ? Est-il connecté à la Lune rouge suite à son incident avec l’éclair rouge ? Pourquoi son père veut l’envoyer la détruire, par rapport à la mort de sa mère ?). Tout reste très mystérieux et vague, rien n’est correctement expliqué, ce qui fait qui nous restons sur notre faim. Le réalisateur semble s’être complètement perdu en chemin car rien ne fonctionne dans son histoire, aucune explication crédible, aucun lien entre les différentes intrigues, une fin est ratée, etc.

Il y avait donc de l’ambition sur ce film de SF français avec quelques décors intéressants, de jolis plans sur des paysages apocalyptiques, certains costumes et visuels qui valent clairement le coup d’œil pour une production française, mais pour ce qui est de l’histoire et des personnages rien ne va. Le Dernier voyage est un essai de plus pour le cinéma français dans le genre de la science-fiction mais un essai qui n’est pas transformé par son réalisateur qui échoue complètement à nous raconter une bonne histoire et à nous proposer une œuvre cohérente et intéressante.