Je suis assez fan du virage émo-gothique que prend une partie du cinéma Hollywoodien depuis la sortie du dernier Batman. Dans ce cadre là, ressortir des cartons les créatures qui ont fait le sel du cinéma à ses débuts (Dracula, Franckenstein, les Zombies et autres Loups Garous) est une idée qui m'enchante ... surtout quand on y met les moyens.
Et de moyens, le Dernier Voyage du Demeter n'en manque pas (45 millions USD de budget). Le choix d'un réalisateur méconnu et débrouillard rend l'entreprise tout aussi intéressante que son Pitch de base : le trajet en bateau Roumanie-Angleterre de Dracula, qui décide de fuir la vieille Europe rurale pour la modernité, en pleine révolution industrielle.
Si le premier quart d'heure pose bien les bases et coche effectivement les cases des références à Alien premier du nom (je ne verrai plus d'autres ressemblances après cet incipit), il fait également le choix d'une présentation trop rapide de ses personnages. On ne sait pas qui va être le héros entre le médecin noir, le capitaine vieillissant, le second expérimenté ou l'enfant très très énervant. La réalisation est soignée, même en pleine nuit (coucou Game Of Thrones) mais malheureusement j'ai déchanté bien vite dès que les personnages ont ouvert la bouche.
Car le Dernier Voyage du Demeter est un film woke. Non je déconne. C'est surtout un film très mal écrit. Faire un huis clos / en mer / avec Dracula, c'est déjà combiner trois sujets qui ont une identité propre. Y rajouter la thématique du racisme (jetée comme un cheveu sur la soupe), de la filiation (vers le petit fils et vers le second) et de l'opposition science / foi (le médecin qui ne croit que ce qu'il voit, le cuisinier zélote) c'est noyer le spectateur sous une tonne de sujets intéressants mais jamais vraiment traités. C'est aussi perdre du temps sur la caractérisation des personnages, et le crescendo de l'horreur.
Détail par d'ailleurs étonnant, qui m'a sorti du film : il y a peu de personnages (9 en tout) alors que les frégates de l'époque pouvaient accueillir une bonne centaine d'occupants.
Le choix de dévoiler très vite mais progressivement le design du monstre est toujours un mauvais choix. Parce que la peur ne peut plus être croissante, et aussi parce que le spectateur, témoin du danger, ne comprend plus les décisions absurdes des protagonistes cherchant à survivre. Pourquoi ne pas fouiller tout le bateau ? Pourquoi ne pas partir de jour en laissant le bateau couler ? La thématique de la connaissance amenée par le personnage du docteur est un bon exemple du naufrage scénaristique du film : il est avide de connaissance, mais a l'air très très con parce qu'il n'apprend rien de l'expérience de chaque nuit passée.
Au final, le Dernier Voyage du Demeter est une sacrée déception. Visuellement intéressant mais trop qualibré à la sauce Netflix, affligeant d'écriture et relativement mal interprété, c'est une douche froide pour moi qui avait des attentes.