Ce n'est pas toujours facile de donner envie de découvrir certains films parfaitement ignorés depuis parfois leur naissance sur un site où le comble de la curiosité semble être de se précipiter sur les étals du dernier Astérix ou de rêver avec les autres moutons de voir le huitième tome des aventures de Capt'ain Amerika (celui où il fait un duel de collants moulants avec Ragondinman sur le sommet de l'Empire State Building). Je crois que si j'avais à parler d'une comédie pétomane tchécoslovaque des années vingt, j'aurai peut-être plus de chance de tomber sur un ou deux pervers alléchés que pour un film anglo-saxon plutôt classique et bien troussé, sans grosses stars ni twist racoleur, film de guerre de surcroit, la tâche s'annonce rude...
Je pourrais bien sûr vous expliquer que c'est un de ces rares films d'aventures où la survie prend réellement toute sa place, où les morceaux de bravoure ne font jamais défaut et qu'on tient une sorte de prototype de tous les films de rédemption désertique qui suivront, entre Un taxi pour Tobrouk et Le vol du Phoenix, mais quand même du niveau en-dessous et là, je vous avouerais sans vergogne que j'ai un peu arrondi au-dessus la note pour vous faire baver et je ruinerais donc tous mes efforts...
Je pourrais aussi vous expliquer que six ans avant La colline des hommes perdus, l'excellent Harry Andrews avait goûté à la torture de la dune de sable pour son propre compte, mais ça ne vous dirait pas grand chose non plus...
Je pourrais essayer de truquer en vous le vendant sous son titre français du Désert de la peur, et sur un malentendu, les fans de Walsh et d'homonymie se précipiteraient comme un seul homme mais je crois qu'il y en a seulement deux sur le site et le premier a déjà mis ce film dans ses envies la semaine dernière.
Si je vous racontais que ce film a été récompensé au festival de Berlin mais que ça ne l'a pas empêché d'attendre trois ans une sortie internationale tronquée sous le nom Desert Attack, et qu'il a longtemps été plus connu pour avoir participé à une campagne de publicité pour la bière je risque bien de perdre mes derniers lecteurs dans la plus grande confusion (la leur, ils pourraient faire un effort...).
C'est donc étranglé par la nécessité que je me vois contraint d'user des artifices les moins éthiques et vous annoncer sans ambages que Ice cold in Alex n'est autre que le film d'inspiration principal de George Lucas quand il réalisa Star Wars.
Je dis "les moins éthiques" parce que, pour ma part, je n'en suis pas encore suffisamment convaincu pour le faire entrer dans mon top 15 sur le sujet aux côtés... tiens donc ! D'un autre film de John Lee Thompson ! Un filon commence à se dessiner...
Et pourtant, et pourtant... et s'il y avait tout de même quelque chose... Je n'irai pas comme certains (je ne plaisante pas, j'en connais au moins un), faire un rapprochement couillu entre les scènes de batailles du début et l'attaque du vaisseau de Leia par l'Empire qui introduisait magnifiquement la célèbre saga intergalactique, ni même (il y en a aussi, si, si...) tenter tout en panache un parallèle entre le cockpit du Faucon Millenium et la carlingue de Katy, la courageuse ambulance qui sert de dernier recours à notre équipe de bras cassés pour atteindre Alexandrie et la bière promise.
Passons également sur la composition de l'équipe, un héros fadasse, une jeune donzelle affriolante, un fidèle copilote velu, et un mystérieux gaillard cynique perdus dans toutes ces péripéties pour aller d'un point A à un point B sous je ne sais quel prétexte, je sais bien que ça ne suffira pas à vous convaincre.
Attaquons directement par le plus gros de l'affaire, la fameuse musique de Leighton Lucas, le fils de, réduite pourtant par un louable souci d'efficacité suante et trépignante à son strict minimum : une marche militaire pour thème principal et une petite romance pour les moments ratés entre le héros fadasse et l'infirmière affriolante. Cette musique donc, cette marche en particulier, aurait fortement inspiré John Williams pour sa musique la plus fameuse et fera peut-être bondir le coeur des plus mélomanes d'entre vous. Je vous avoue qu'il y a comme un petit quelque chose, je vous filerai bien un lien pour le prouver mais d'abord, je suis notoirement nul en lien, ensuite, je trouve que ça salope une critique de foutre des liens tout moches dedans et enfin, si vous croyez que je vous tartine trois pages dans le but de vous inciter à découvrir ce film pour tout saccager avec un lien misérable à la dernière seconde, vous vous fichez le sabre-laser dans l'oeil jusqu'au goitre.
Je suis sûr qu'en cherchant bien on pourrait trouver autre chose, dans cette façon de filmer le désert par exemple, cette photographie de Gilbert Taylor me dit confusément quelque chose... Il faudrait que je recherche le nom du directeur photo de Star Wars un jour, là, juste comme ça, pour vérifier...
Si ça se trouve, on tient ici le Star Wars épisode 0 que tout le monde recherche et personne ne le saura jamais...