Je me permets cette critique plutôt négative d'un film réputé important, car je pense qu'il déplaira à beaucoup. Globalement très enthousiasmé par tout ce que j'avais pu voir de Tarkovksi, Bergman, Kurosawa, Kubrick, Tarr, je m'apprêtais à une nouvelle lune de miel, cette fois avec Antonioni. Résultat : Le Désert Rouge m'a laissé absolument froid. Non pas que je me sois ennuyé, car la composition des plans donne toujours quelque chose à se mettre sous la dent. Mais j'ai ressenti une puissante impression de froid, de vide, de néant, comme si toute la tendresse du monde, tout l'hédonisme, tous les délices avaient été aspirés d'un coup par la cheminée d'une de ces usines infectes dont le film est rempli. C'était, évidemment, le résultat auquel le réalisateur voulait arriver, et c'est un véritable coup de maître que d'y être parvenu. Je sais que je me rappellerai de ce film dans longtemps. Et peut-être aussi qu'un jour, je le comprendrai. Et qu'il me plaira. Mais en attendant, pour le spectateur que je suis aujourd'hui, où se raccrocher, à quoi s'attacher, quand les cieux sont aussi gris, quand Giuliana est aussi vide, confuse, atteinte d'on ne sait trop quelle folie triste, et quand strictement aucun des autres personnages ne fait quoi que ce soit pour se rendre attirant, attachant, vivant, humain ? Les films de mort, de génocide, d'atrocités, encore, sont des films du quelque chose. Mais que faire, que ressentir, à quel saint se vouer dans ce parfait film du rien, quand plus aucune passion ne subsiste, quand le suicide même a échoué ?