Pour son premier film en couleur, Antonioni impressionne avec son traitement chromatique proche de la peinture. On pense, entre autres, à Rothko, dont les aplats de couleurs aux bords indécis font écho à l’usage du rouge et du floutage dans bon nombre de plans du film. A Giorgio Morandi aussi, pour la précision du cadre et les dégradés de gris dont la brume, omniprésente dans Le Désert rouge, semble être un proche parent. Et puis il y a Monica Vitti, ultime et central élément chromatique, dont le regard se perd dans la grisaille industrielle : "Vous vous demandez que regarder. Je me demande comment vivre. C’est la même chose." Bien des plans, proches de la perfection, auraient leur place dans un musée.