En 1948, le réalisateur André Cayatte approche la dizaine de long-métrages, et très bientôt l'avocat de formation signera ses premiers films judiciaires, avant de s'attaquer aux grands sujets de société de son époque.
En attendant, Cayatte tourne ce petit film noir fort sympathique, dont la particularité est de situer son action dans les Alpes, près de la frontière franco-italienne.
On y suit les tribulations d'un contrebandier français un peu fruste, d'un financier escroc en fuite (inspiré de Stavisky), de son épouse déclassée et machiavélique, et d'un flic pourri impliqué dans le scandale.
Le scénario se laisse suivre, dans une variation du genre noir avec son lot de rebondissements et de coups bas, mais ce qui m'empêche de monter la note à 7, c'est l'interprétation trop hésitante : en particulier de la part de Paul Meurisse, que l'on connaîtra tellement plus convaincant dans le registre de la crapulerie veule et mielleuse.
Serge Reggiani fait preuve de sobriété dans un rôle peu loquace, tandis que Madeleine Sologne manque d'un certain glamour pour jouer les femmes fatales, et que Janine Darcey apparaît un peu fade.
En revanche, on retrouve avec plaisir les trognes de cette époque dans des seconds rôles savoureux : Gabrielle Fontan, Edouard Delmont, Léonce Corne ou encore René Blancard...
"Le dessous des cartes" ne connaîtra guère le succès lors de sa sortie après-guerre, et c'est un peu injuste car sans faire partie des standards du genre, ce polar alpin à l'atmosphère pittoresque diffuse un charme indéniable, et se regarde avec plaisir.
On y retrouve ainsi la future patte d'André Cayatte, avec une critique sous-jacente des institutions (police, justice, finance…) et un happy end au goût amer.
PS : En revanche, mon visionnage a été en partie gâché par la qualité sonore déplorable de la bande ; mettons ça sur le compte de YouTube, mais la diction des comédiens et la prise de son originale ne devaient pas être irréprochables.