Le Deuxième Acte est le troisième film de Quentin Dupieux en moins d'un an, après le plaisant Yannick et le flamboyant Dali. Normal que la qualité baisse vu la production industrielle… Le film a tout de même deux points forts. Déjà, avec ses trois niveaux de lecture bien identifiés, les acteurs doivent jouer trois personnages différents, parfois deux dans la même scène, une prouesse en soi. A ce jeu-là, c'est surtout Vincent Lindon et Léa Seydoux qui illuminent vraiment le film, alors que Louis Garrel et Raphaël Quenard jouent finalement à chaque fois de la même manière malgré les différences extrêmes de leurs trois personnages. Ca reste plaisant de voir les duo se former, se déformer et jouer des scènes totalement inattendues. Ensuite, les plans séquence en forme de longs travelling sont inventifs. La toute dernière scène explicite d'ailleurs l'exploit en filmant les centaines de mètres de rails nécessaires pour ces plans séquence. Mais…
L'humour du film est assez grossier au vu du talent de Dupieux. Si la casse du 4e mur et les niveaux de lecture rendent la situation absurde, les dialogues ne le sont pas et cherchent l'humour autrement, en surfant sur le politiquement incorrect et les modes du moment (l'intelligence artificielle) : ça manque clairement d'originalité et d'esprit. Surtout, l'intrigue du début, un triangle amoureux bâclé et ridicule, n'est rapidement plus du tout exploité, Dupieux choisissant de sabrer très vite les plans qu'il juge moins intéressants. On n'est pas du tout dans un entremêlement d'intrigues et de dimensions incompatibles entre elles, mais plus sur un film en poupées russes qui perd le charme de l'innocence et de la légèreté. Finalement, malgré quelques belles trouvailles parfois, on s'ennuie pas mal, surtout si on ne se laisse pas prendre au charme des très bons acteurs. Pitié, faites que Dupieux ne devienne pas flemmard, et qu'il ne profite pas bassement du minimum de son talent pour produire quantité de films aussi creux que rentables…