Le deuxième acte voit (enfin) la reconnaissance "universelle" de Quentin Dupieux, puisque le film ouvre cette année le Festival de Cannes : après le succès public de Yannick (avec la révélation de Raphaël Quenard), Quentin Dupieux semble inscrire son Deuxième acte dans la même démarche d'une célébration du travail des acteurs et de tous les paradoxes qu'un spectacle génère, toutes les contradictions qu'il implique. Bien. Pourtant, il nous semble que le la démarche de Dupieux dans ce nouveau film est bien différente de ce que l'on veut y voir : l'inscrire dans une tradition de cinéma français à la Bertrand Blier - avec ses jeux absurdes brouillant les règles habituelles du cinéma - correspond plutôt à une nostalgie malsaine d'un cinéma français assez beauf (et roublard) qui ne correspond nullement à Dupieux.
Le second acte est au contraire un objet purement conceptuel, qui voit Dupieux enchâsser les uns dans les autres, comme des poupées russes, différents récits, tous fictionnels, en nous défiant de nous y retrouver, même si, au final, il laisse l'un des personnages (Quenard justement) énoncer la règle du jeu : c'est quand on est dans l'imaginaire qu'on est vraiment dans la réalité. Finalement, les dialogues et conflits entre les acteurs du "film dans le film", qui constituent la plus grande partie - très drôle - du Deuxième Acte, et qui nous semblent à nous spectateurs être une véritable représentation de ce que pensent (et de ce que sont) Seydoux, Garrel, Quenard et Lindon (avec ces piques réjouissantes contre la bien-pensance du cinéma actuel) sont plus éloignés de la vérité de ces personnes réelles que ce qu'ils nous dévoilent à la fin, même s'ils se déguisent (la fausse moustache de Lindon, son blouson de cuir rouge) pour nous la révéler. Et c'est bien à ce niveau-là que se produit la véritable mort d'un personnage qui n'a pas su, lui, tenir sa place dans l'une des fictions qui nous a été racontée.
C'est incontestablement très malin - trop peut-être - et cela dédouane, si on y pense, Quentin Dupieux de cette suspicion d'un retour facile à des ficelles comiques franchouillardes indignes de lui.
[Critique écrite en 2024]