Caisses vintages, quatrième mur brisé et situations rocambolesques, Quentin Dupieux demeure fidèle au poste. Dans Le deuxième acte, le mur vole en complètement en éclats ; l'envers du décor occupe toute la place.
Le film s'ouvre sur une scène interminable, qui annonce la tonalité. Les acteurs récitent d'abord leur texte et, tout à coup, on vrille. Chacun se met à dire ce qu'il pense "vraiment", pour le meilleur et souvent pour le pire. Les premières conversations font mouche, on ne s'attend pas à une telle remise en question du cinéma. Et c'est très bien, Quentin Dupieux n'en a pas fini de modeler l'objet cinématographique à sa guise.
Le long-métrage évoque à peu près tous les sujets brûlants de notre actualité; transidentité, intelligence artificielle, conflits, ... Mais à chaque fois de la même manière, citée plus haut. Lorsque le quatuor entre dans le restaurant, le film signe alors son arrêt de mort. On récite, on bifurque, cris d'oiseaux et on recommence. Le même schéma se répète, jusqu'à un dénouement qui n'en est pas vraiment un et qui est plus un signe d'une fuite qu'autre chose, parce qu'on ne peut pas éterniser les disensus.
Le deuxième acte se perd alors dans ses propres élucubrations. Le casting débale tout sur la table sans aucune subtilité, rendant le propos franchement lourdingue passé la première demi-heure. Et il en finit même par commettre l'écueil suprême. Remettre en question le cinéma ne suffisait pas, il fallait évidemment qu'on se coltine le terrible speech sur le sens de la vie. On perd ce qui fait d'habitude tout le sel de ses longs-métrages...
Le deuxième acte ne suprend pas vraiment. Il n'est pas non plus tordant, hormis les quelques échanges téléphoniques de Léa Seydoux dans lesquels on reconnaît immédiatement la veine du cinéaste.
Le titre fait alors difficilement mouche. Il montre d'abord un cinéma vivant, conscient de ses faiblesses et de ses limites, ce que je n'aurais pas autant attendu de Quentin Dupieux et qui fait fichtrement plaisir. Pourtant, son jeu sur le quatrième mur est bien moins maîtrisé que sur d'autres titres (Réalité ou Rubber). L'erreur aura été de se focaliser sur une seule chose, montrer l'envers du décor où, à l'accoutumée, il varie les plaisirs pour mieux rythmer le produit fini.