Ancien ennemi public, Gustave, dit "Gu", s'évade. Ce qui va déclencher toute une série d'événements, y compris une tentative de fuite et un juteux braquage, dans une atmosphère de film noir fataliste. Vous l'aurez compris, on est en plein dans du cinéma Melvillien ! Tel que décrit, le pitch fait d'ailleurs furieusement penser à celui du "Cercle Rouge".
Si je devais pointer un seul défaut au "Deuxième Souffle", ce serait sans doute sa lenteur, qui a un peu de mal à passer aujourd'hui. Informations répétées, échanges froids, personnages stoïques, mise en place très posée des événements : pour un spectateur moderne peu accoutumé de ce type de polar, l'exercice sera peut-être un peu rude à suivre.
Pourtant il serait dommage de passer à côté, car "La Deuxième Souffle" est un film fin et classe.
Déjà, l'ambiance de film noir, avec un noir & blanc travaillé et des costumes & chapeaux bien carrés, donne un aspect presque hors du temps à son intrigue (et probablement pas très réaliste, mais peu importe).
Ensuite, la distribution est plus que de qualité. Lino Ventura en évadé sur le qui-vive, Paul Meurisse en commissaire roublard, Raymond "Fantomas" Pellegrin en truand réglo, Marcel Bozzuffi en truand... beaucoup moins réglo.
Le tout avec un scénario qui privilégie intelligemment la psychologie et le fatalisme devant l'action. Et qui aligne les dialogues subtils, dont des touches d'humour inattendues.
Enfin, la mise en scène n'est pas en reste. Jean-Pierre Melville étant précis dans ce qu'il montre, et adoptant pas mal de mouvements de caméra dans les (nombreuses) scènes d'intérieur, appuyant la tension entre les personnages.
Du solide polar, du solide Melville.