Le Diable, tout le temps, annonce la couleur dans son titre : chaque groupe de personnages est perverti par un abus de la religion (fanatisme, abus de confiance...) et c'est au jeune garçon traumatisé par ces expériences de faire le ménage à sa façon, en vendant lui-même son âme au Diable (il devient un
meurtrier de sang-froid
). Aussi, si pour vous la religion est un sujet sensible, faites dès à présent demi-tour, car le film se plaît à mettre de grands coups de pieds dans la fourmilière pour ébranler tout ce monde. Précisons quand même qu'il n'a nullement vocation à offenser ni à dénigrer les croyances de chacun, mais le parti-pris est d'accentuer, de regrouper, de souligner les excès qui se sont produits, donc il peut sembler (si on le lit au premier degré et avec le moins de réflexion possible) comme blasphématoire, mais en ce cas on n'aura pas compris qu'il critique non pas la foi mais au contraire le fanatisme abusif. Ainsi, si vous tentez le road-trip dans cet univers perverti, vous entrerez en collision frontale avec un père de famille fanatique (limite satanique) complètement timbré et dangereux (on a encore mal pour le chien...et l'enfant, évidemment), puis vous assisterez aux abus sexuels d'un pasteur écœurant (brillant Robert Pattinson, comme d'habitude possédé par son sujet), et enfin vous pourrez suivre un couple à la Bonnie and Clyde en version rituels photographiques malsains (et mortels)... Bref, une joyeuse petite virée en perspective, et si le final décroit un peu en intensité (la course-poursuite après le jeune homme est moins palpitante que le cœur du film), on ne peut que se rappeler de l'excellence du rythme (passant harmonieusement d'une intrigue à l'autre), des acteurs (tant Tom Holland que Robert Pattinson sont convaincants) et évidemment de l'uppercut qu'il porte au fanatisme (K.O. en un coup). Une mise en image crue et sans concession d'une liste (malheureusement non exhaustive) des dérapages malsains au sein de la foi, qui n'ont évidemment plus rien de chrétien.