S'attaquer à un chef d'oeuvre qui fait la (quasi) unanimité n'est jamais chose aisée.
Si on ne l'apprécie pas on risque de passer, outre pour un incompris, pour un inculte, un arriviste, un jeune con.
Si on l'apprécie on rentre plus dans le mouvement, mais on peut se sentir soi-même un peu mouton.
Mais le pire c'est peut être bien ma position ; bien aimer le film mais ne pas y voir le chef d'oeuvre acclamé et attendu. Le cul entre deux chaises, entre deux mouvements aux antipodes ; c'est douloureux. J'avais déjà fait l'expérience avec Les Sept Samouraïs du vénéré Kurosawa qui de la même façon que ce Dictateur m'avait plu mais sans plus, sans me foutre la claque que presque tout le reste de la filmographie du japonais m'avait foutue (voir critique ici : http://www.senscritique.com/film/Les_Sept_Samourais/critique/62488750)
Me revoilà donc avec mon petit égo pour dire que oui, j'ai bien aimé ce film, mais que je n'y ai pas vu le chef d'oeuvre subversif et éminemment politique de Chaplin.
J'y vais vu un conte d'une originalité débordante, aux trouvailles autant visuelles que scénaristiques prodigieuses (Chaplin traite avec la plus grande finesse des horreurs du nazisme : la persécution des Juifs, la guerre qu'il a engendré, la débâcles des peuples..., tout cela sans jamais tourner autour du pot et en trouvant toujours le moyen adéquat - entendre par là divertissant et amusant - pour les traiter, ne sacrifiant jamais pour la dénonciation pure et dure le récit humoristique qu'il déploie). J'y ai vu le génie d'un homme qui encore une fois porte tout le film sur ses frêles épaules (se donnant même deux rôles à jouer). J'y ai vu un humour féroce, des gags pétillants.
Mais au delà de toutes ses qualités, majeures, je dois avouer avoir perdu mon sourire en cours de route, là où Chaplin a décidé d'abandonner son humour pour servir à son public un message politique puissant, certes, honnête et honorable, bien sûr, mais trop naïf et simple, trop américain, trop plaqué et pas assez à sa place dans le récit (le chétif barbier juif devient, en un quart de seconde, celui qui sauve la guerre, l'Europe, le monde même, et convainc à coups de massue démocratique une armée entière, jusqu'ici déterminée à tuer du Juif et à dominer les pays voisins, que la démocratie est belle et que la paix c'est bien... peu convaincant !) pour réellement s'imposer comme un final grandiose.
On attendait pas ça d'un **Chaplin**qui nous a prouvé son talent et son intelligence dans le reste du film, et plus globalement, dans l'intégralité de ses œuvres.