"Le Dîner de Cons" est incontestablement l'une des comédies françaises les plus marquantes des années 90. Francis Veber adapte à l'écran sa pièce de théâtre, et rencontre un énorme succès (9 millions d'entrée en France en 1998, score que seul "Titanic" battra cette année-là !), pour un film aujourd'hui ancré dans la culture populaire. On y suit Pierre Brochant, éditeur au mauvais esprit et peu scrupuleux, qui pour s'amuser participe à des "dîners de cons", où chacun doit convier un invité peu affuté. Problème : Brochant va sans le savoir se retrouver coincé pendant toute une soirée avec son "con", François Pignon, un comptable affable et passionné de maquettes en allumettes !
Il est parfois des succès populaires dont la qualité laisse à désirer, mais ce n'est aucunement le cas ici. Le film est assez court (1h20) mais en profite pour s'avérer très rythmé, enchaînant les rebondissements et les situations provoquées par des quiproquo et les bévues de Pignon. Le tout filmé et monté simplement mais très efficacement, faisant la part belle à des dialogues mémorables (l'expression du "dîner du mercredi soir" est pratiquement rentré dans le langage courant...), et à ses acteurs. Jacques Villeret est fantastique dans ce rôle de benêt gentil et gaffeur. L'acteur y injecte suffisamment de bonhommie et d'humanité pour que le personnage devienne attachant et drôle sans être ridicule. Quant à lui, Thierry Lhermitte dose le peu d'éthique et l'hypocrisie de son personnage, mais également ses tourments, pour en faire une forme d'antagoniste que l'on peut à la fois plaindre et moquer. Entre les deux, Daniel Prévost s'avère désopilant en contrôleur fiscal pas très fin mais à l’œil acéré. "Le Dîner de Cons" fait donc clairement partie aujourd'hui des classiques de la comédie française, à juste titre.