Alors, je ne connais point le roman de Fabrice Caro qui est adapté ici, donc je ne parlerai que du film. Bon, cette précision faite, Le Discours de Laurent Tirard.
Ce n'est pas une comédie pure qui fait rire aux éclats. C'est plutôt une œuvre qui compte la vie sur un ton léger à travers le point de vue d'un type attachant, mais un peu tête à claques (franchement, si elle avait envie de communiquer avec toi, elle saurait parfaitement comment faire, donc arrête de te faire des illusions !).
Un type qui raconte les travers des autres, qui laisse voir les siens, avec force détails justes qui rappelleront inévitablement à un moment ou à un autre notre propre existence (que celui ou celle qui ne s'est jamais dit pour se donner du courage "si telle chose arrive, genre si la prochaine voiture à passer est grise ou si une personne précise me dit ceci, je le fais !" me jette la première pierre !) le plus souvent parmi les instants les plus embarrassants, desquels on n'aime pas trop se souvenir.
L'ensemble emploie une dynamique narrative qui a été déjà vue, mais reste néanmoins efficace (générique parlé dans la bonne tradition des Guitry et des Godard, quatrième mur brisé très souvent, voix-off tout le temps présente, délires imaginatifs, fantasmes de vie idéale où tout est maîtrisé par votre simple volonté et votre don de prévoyance vs la réalité qui triomphe et se fait un malin plaisir à être imprévisible bien sûr, etc. !). Il y a malgré tout une occultation scénaristique un peu gênante pour ma part,
car cela aurait été bien de montrer pourquoi et comment elle se décide à revenir finalement, au lieu d'essayer de faire croire qu'il suffit de quelques pauvres SMS, sentant le désespoir à plein nez, pour réussir ce prodige.
Reste que l'ensemble est prenant, que la distribution est impeccable (je suis un poil déçue par Sara Giraudeau, que je croise pour la première fois, car j'avais envie de défoncer une fille de, or elle est à la hauteur et, en plus, j'aime beaucoup sa voix ; ben, zut, alors... !). En outre, il y a la preuve que Benjamin Lavernhe (de la Comédie-Française !) peut assurer dans un premier rôle.
Bref, c'est plaisant de voir à nouveau que Laurent Tirard, quand il ne s'amuse pas à massacrer Uderzo, Sempé et évidemment Goscinny, est capable de donner un bon film.