Le Discours d'un roi est un feel-good movie qui s'adresse à un très large public, plutôt adulte que familial. Et bien qu’il raconte une histoire vraie, bien scénarisée, fascinante sur bien des aspects et crédible (à l’exception d'une ou deux lignes de dialogue étranges), le film de Tom Hooper se concentre plus sur l'étude des personnages que sur l’intrigue.
Le Discours d'un roi raconte le parcours d’un homme pour surmonter un trouble du langage (un fort bégaiement). Or, il se trouve que l'homme en question est le futur roi d’Angleterre. Le film commence en 1925 à Wembley, avec un discours désastreux de Bertie, futur roi George VI (Colin Firth) et se termine avec un discours encore hésitant, mais néanmoins éloquent, de la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1939. Entre les deux, le film montre essentiellement les échanges entre Bertie et son orthophoniste Australien Lionel Logue (Geoffrey Rush).
A priori, l'idée d’assister à près de deux heures d'exercices d’orthophonie, ce n’est pas très emballant. Et pourtant, on ressent tout de suite beaucoup de sympathie pour Bertie, ainsi qu’une certaine admiration. Face à une situation qui a dû être terrifiante pour lui, il assuma son statut et contrairement à son frère Edward (Guy Pearce), il surmonta ses peurs pour accomplir son devoir. Colin Firth fait un travail admirable pour nous emmener dans le tourment émotionnel du roi, alors qu’il doit assumer un statut qu’il n’a jamais voulu.
Colin Firth donne une performance de premier ordre dans le rôle du roi George VI, un homme assailli par des soucis internes (de l'ordre émotionnel) et externes (le bégaiement). Une chose que j’ai aimé dans son interprétation, c’est qu’il ne cherche jamais à dépeindre le roi comme un homme au-dessus de tous les autres. Au contraire, il est complètement humain, affichant souvent de la pétulance, des crises de colère et de l’arrogance, ainsi que le courage et la bravoure que nous attendons de la part de celui qui devra représenter tout un peuple en période de guerre. Geoffrey Rush n'est pas en reste, il volerait presque la vedette à Colin Firth. Son interprétation est tout autant délicieuse en tant qu’orthophoniste espiègle et malicieux. Les deux acteurs donnent vraiment le meilleur d'eux même et leurs échanges font presque tout l'intérêt du film.
Bien que l'intrigue ne soit pas particulièrement excitante, parfois même pas très intéressante, elle repose sur des personnages et des performances d'acteurs remarquables. Le film remplit sa fonction de nous divertir, même s’il le fait de manière peu spectaculaire. Personnellement, je ne pense pas qu’il s’élève au rang de chef d'œuvre absolu et je pense même qu’il est quelque peu surestimé, mais c’est du solide. C'est ce que l'on peut appeler un film "académique", quoi !