Un homme bégaie. Pathologie plutôt commune qui peut handicaper la vie d'un individu quelconque, elle devient un obstacle de premier ordre pour celui qui est destiné à régner sur un Empire immense. A plus forte raison alors que les débuts de la radio donnent à la voix une portée inédite.
Le micro devient alors l'Everest à gravir. Il va falloir choisir la bonne voie pour y parvenir. Un homme va servir de guide, dans les gorges qui mènent au sommet, au futur souverain désemparé.
Dans ce récit, la petite histoire s'invite sans bruit dans la grande histoire, celle du monde qui court à la guerre. On suit avec un intérêt croissant les progrès de ce Duc, gaucher contrarié depuis l'enfance qui ne peut s'empêcher de buter sur les mots. On trébuche avec lui à chaque heurt, on s'empourpre de ses colères, on s'émeut de ses réussites, on jubile de ses victoires, on frissonne à l'écoute de son vibrant discours.
Les acteurs excellent dans leur registre, que ce soit Colin Firth, le duc, Geoffrey Rush, son orthophoniste, ou bien Helena Bonham Carter, fabuleuse actrice toujours aussi juste. Mention spéciale à Churchill, que ce soit physiquement ou dans l'attitude. Tous ensemble, ils parviennent à insuffler à ce film un souffle épique qui tient le spectateur en haleine de bout en bout. Le point d'orgue constitué par le discours est un grand moment de cinéma qui ne pourra qu'émouvoir le spectateur déjà captivé.
La musique accompagne agréablement le propos sans se faire trop remarquer, en dehors des morceaux de W.A. Mozart qui favorisent le transport émotionnel.
Intimiste et solennelle à la fois, voici une oeuvre qui mérite la reconnaissance dont elle a bénéficié. Le réalisateur, à l'instar du souverain dont il narre l’accession au trône, a parfaitement réussi à se faire entendre.