Le début du film est long, très long jusqu'à ennuyer; Edouard Molinaro doit supposer que les manoeuvres nocturnes, sur le mode du polar noir, du personnage énigmatique de Gérard Oury ont une portée dramatique, qu'elles n'ont pas. Mais il faut reconnaitre que ce commencement a sa raison d'être.
En attendant de savoir pourquoi, Oury n'est pas le gangster dont il a l'air mais plus prosaïquement un mari trompé et jaloux, lequel met en place un stratagème cynique pour mettre fin à l'infidélité de son épouse.
D'après Frédéric Dard, le sujet est un adultère bourgeois au scénario malin, un peu trop malin parfois. Mais il est bien construit, avec une rigueur et une qualité de dialogues qui permet à Molinaro de n'être ni explicatif ni démonstratif. Tout en sobriété, Gérard Oury, en industriel à l'intelligence un rien perverse, trouve ici un beau rôle.
Le film est bien écrit, et on le mesure surtout dans la dernière partie, qui prend des proportions encore plus intéressantes parce qu'il y entre une part de suspense psychologique. Cette partie porte un éclairage plus subtil, moins mécanique, sur les incidences de l'action de l'industriel Ducrey et atteint une force dramatique qu'on n'attendait pas forcément de ce sujet.