Le film est basé sur une mise en abyme: on a un réalisateur Antoine Barraud qui filme Bertrand Bonello en acteur jouant un réalisateur en quête d'inspiration pour son nouveau film. On va jusqu'à intégrer des passages d'un film véritablement réalisé par Bonello, projet avorté et mis au placard et ressorti ici comme s'il s'agissait d'une création aboutie. Aux questions posées par un journaliste qui a l'air de sortir tout droit de Télérama et qui l'interroge sur l'interprétation des films, le héros admet : "On ne fait pas ce que l'on veut, on fait ce que l'on peut. "
Chaque scène de rencontre fait avancer l'intrigue et insiste sur la difficulté de créer et de savoir où se situer en tant qu'artiste, chaque scène de musée permet d'affiner la recherche créatrice et chaque scène d'interview illustre les hésitations et les peurs d'un réalisateur en mal d'inspiration perdu dans les aléas d'un tournage chaotique. " Je ne sais pas quoi dire à ces gens" finit il par admettre.
Puis vient l'aspect fantastique.
Il y a cette femme Célia, la conférencière artistique, que l'on ne voit que seule avec le héros comme si elle n'existait pas et n'était qu'un pur produit de son imagination qui change de physique au milieu du film puisque l'on passe de Balibar à Pailhas sans aucune transition.
Il y a la question du dos rouge à savoir cette tâche qui ressemble à une trace de peinture sur toile puis à une main ( red right hand?) puis à une énorme infection et qui sert littéralement de marqueur pour une hantise profonde surgissant par le corps tel un signe d'infamie ou un appel à l'aide somatique.
L'esprit tourmenté de l'artiste nous est montré sans détour pour y plonger et s'y noyer un peu.