Deux ans après "The Client", Joel Schumacher revient adapter John Grisham. L'auteur spécialisé dans le polar judiciaire / film de prétoires, très à la mode dans les années 90/2000.
"A Time to Kill" se déroule dans un Etat du Sud et évoque l'histoire de Carl Lee, un homme noir dont la petite fille est sordidement violée par deux rednecks blancs. Ne faisant pas confiance à la justice, notre homme exécute les deux violeurs, et se retrouve ainsi accusé de meurtre. Avait-il le droit de faire justice lui-même ?
Le pitch pose de vraies questions éthiques, et ouvre des pistes intéressantes. Le problème c'est que le film est assez superficiel. Le débat sur l'auto-justice est noyé dans un trame assez primaire de sudistes ultra-racistes et membres du KkK, contre des pauvres noirs marginalisés. Même s'il y a quelques critiques sur les mouvements de récupération politique.
Tout ceci reste pauvre en terme de réflexion, faisant au passage pratiquement l'apologie de l'auto-justice. Ce qui vaudra au film un accueil glacial à sa sortie en France...
Néanmoins, sur la forme c'est plutôt bon. S'il on excepte quelques séquences très américaines (la plaidoirie finale), et une violence visuelle très atténuée compte tenu des faits (le livre est à ce sujet beaucoup plus cru - non pas que je cherche à comparer l'un à l'autre, cela n'aurait pas de sens).
La mise en scène de Schumacher tient la route. On retrouve l'ambiance crasseuse et suante du Sud. La distribution est prestigieuse, pleine de stars de l'époque ou en devenir. Les séquences de prétoire font leur effet. Les personnages ont de la couleur (sans mauvais jeu de mots !).
Bref, on ne voit pas les 2h30 passer. C'est juste que le fond aurait mérité plus de rigueur.