J'assume
Amélie Poulain, je défends sans honte. Comme Unfinished Sympathy de Massive Attack, ce film a le don de me mettre dans une petite bulle. Quand j'en ressors, je peux découvrir une cure contre le...
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le 26 oct. 2010
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Il y a des films que l'on aime pour leur technique. Des bons acteurs, une histoire prenante, un excellent réalisateur, des décors magnifiques... Ce sont des films que l'on va vouloir citer dès que quelqu'un nous pose une question du type "dis, c'est quoi ta scène préférée ?" ou "qu'est-ce qu'un bon jeu d'acteur pour toi ?".
Il y a des films que l'on aime parce qu'ils nous touchent. Oui, peut-être qu'ils ne sont pas au top du point de vue technique, mais chaque fois qu'on les voit, on a vraiment l'impression de vivre quelque chose d'important, de touchant, d'inoubliable. Chacun a son ou ses petits films de cœur, que l'on serait prêts à défendre devant une assemblée entière.
Et il y a ce genre de films.
Côté technique, les décors sont toujours magnifiques, et arrivent à être à la fois irréels (notamment par la colorimétrie très particulière, le fameux curry) et réalistes : oui, on voit bien que c'est Paris, et pourtant ce n'est pas tout à fait Paris. Ici, Jeunet a créé un Paris parallèle, que l'on a l'impression d'avoir déjà vu mais jamais observé : un Paris merveilleux, qui existe, mais dont on passe trop souvent à côté, et qui serait accessible seulement si l'on se laisse emporter par la magie, la fantaisie qui irradie d'Amélie.
Les acteurs sont d'ailleurs tous impeccables dans leur rôle, surtout Audrey Tautou, actrice légendaire, qui arrive à jouer avec une justesse parfaite un personnage unique, très délicat à écrire et interpréter. La prouesse des autres acteurs n'est pas en reste : arriver à graviter et prendre sa place autour d'un personnage aussi complexe qu'Amélie est un exploit en soi.
Et évidemment, comment parler d'Amélie Poulain sans parler de sa musique ? Une musique à la fois typiquement parisienne et hors du temps : en effet, lorsque l'on écoute les envolées à l'accordéon dans La Noyée, difficile de ne pas être transporté ailleurs, dans ce fameux Paris parallèle. Aujourd'hui, certains parlent même de "son type Amélie Poulain" - en effet, rappelez vous des nombreuses personnes ayant crié au plagiat lorsque Alexandre Desplat avait créé la musique du film La Forme de l'eau : "c'est une musique mélancolique, rêveuse, à l'accordéon ? Il a forcément plagié Amélie Poulain !". Que tant de gens aient réagis ainsi prouve deux choses : le fait que les gens soient stupides (et je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet), mais surtout le fait que Amélie Poulain a une véritable patte artistique, unique en son genre, qui a marqué plusieurs générations.
Mais malgré tout ce que je viens de dire, ce n'est pas le côté technique qui me fait tomber amoureux de ce film.
Le véritable point fort de celui-ci, c'est l'émotion.
Si un jour vous avez eu l'impression d'être étrange, si vous avez eu l'envie d'aller embêter votre voisin insupportable, si vous êtes tombé amoureux sans oser le dire, si vous vous êtes déjà amusé à créer des scénarios imaginaires, ou si vous avez déjà éprouvé une envie presque insupportable d'aider les autres et de se mêler de leurs affaires pour essayer de les comprendre et de les faire se sentir mieux : ce film est pour vous, parce que ce film est sincère. Jamais ses propos ne sont pervertis par la peur "d'aller trop loin", ou au contraire, la fougue du débutant : ce film est toujours juste dans ce qu'il veut dire et montrer.
Faire un film sur le quotidien est l'un des exercices les plus difficiles qui soit, et ce bijou est l'une des très rares œuvres d'art à montrer un quotidien à la fois merveilleux et sans mensonges. Et croyez moi, c'est rafraîchissant de voir un film du quotidien à la fois beau, optimiste, et qui ne vous prend ni pour un con ni pour un fainéant.
Alors, dites moi ce que vous voulez : je fais preuve de "sensiblerie exacerbée" ? Je ne suis qu'un petit parisien touché par un film de parigots ? Peut-être. En attendant, c'est le film qui, quand j'étais petit, m'a montré que j'avais le droit d'être imparfait : le droit d'être bizarre, de vouloir aider, de ne pas réussir... le droit d'être humain en fait. Et il me l'a montré avec une technique que toujours aujourd'hui, je trouve impeccable.
C'est pourquoi j'aurai toujours un amour fou pour ce genre de films. Ce genre de films fous mais toujours justes, uniques en leur genre, qui nous donnent l'envie de voir les choses sous un autre angle.
Ce genre de films qui donnent véritablement l'envie de vivre.
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le 17 avr. 2022
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