(Les courageux (/naïf/inconscients ?) qui ont vu le film comprendront le titre)
Commençons par les bons points : les effets spéciaux sont potables et ne nous sortent presque jamais du film, ce qui est déjà assez remarquable en soi. Et certains passages (notamment la scène de danse) ont une esthétique sympathique.
Malheureusement la liste s'arrête là et il est à présent temps de nous plonger dans ce qui fait du Fantôme de Canterville l'étron filmique qu'il est.
Tout d'abord, l'histoire. Je n'ai pas un souvenir très précis de la nouvelle mais il me semble que les scénaristes ont pris de menues libertés vis-à-vis de leur matériau de base. L'intention est louable, puisque leur but était sans doute de rafraîchir l'oeuvre afin de mieux l'insérer dans notre contexte actuel et de lui conférer une nouvelle dimension, sublimant ainsi le texte de Wilde...Malheureusement, c'est raté.
Nous avons donc la famille Otis avec, en vrac : le père (Lionnel Astier), oreillette vissée en permanence ; la mère, dans un délire de méditation et de chi, qui s'avère moins drôle et moins utile à l'intrigue que celui de Pause Caca dans American Pie 2 ; Virginia, la fille, personnage féminin fort , mignon, et (un tantinet) insupportable ; et les deux derniers, incorrigibles garnements toujours à l'affut d'un mauvais coup. Bref, la famille cliché par excellence.
Ils sont accompagnés de l'ado paumé que tout oppose à Virginia et dont l'ambition principale dans la vie est de "faire un max de vues sur Youtube" avec des vidéos de son ancêtre, qui n'est autre que le fantôme de Canterville. Notons au passage, qu'à notre grande surprise, il parviendra tout de même à
"pécho la donzelle, malgré son manque total de swag"
(à-peu-près sic).
Mais revenons aux spectres eux-mêmes. Car ils sont deux : d'une part, le fantôme himself, ou plutôt herself (Audrey Fleurot, avec un maquillage qui accomplit l'exploit de la rendre moche) et son valet, le sieur Youn, effrayé par les vivants, qu'il appelle les révolutionnaires. Le principal problème est que Fleurot et Youn surjouent et que ça rend franchement mal. Alors bien sûr, ils ne sont pas censés faire peur, puisque c'est l'intrigue qui le veut, mais là ils sont carrément ridicules.
D'un autre côté, les réactions de la famille Otis ne relèvent plus de l'ataraxie mais carrément de l'irresponsabilité totale : "Ah tiens, un fantôme poursuit mes enfants avec une tronçonneuse, je vais leur dire d'arrêter de courir et ignorer totalement ce spectre qui m'a l'air décidé à massacrer ces petits galopins". Du coup on ne peut pas prendre en pitié les fantômes déçus (d'autant que Michaël Youn et ses pitreries n'aident pas dans ce sens), mais on ne s'attache pas non plus aux Otis, qui à eux cinq, n'arrivent pas à la sandalette de l'autre, celui qui scribe tout.
A ce sujet, ils ont carrément repris un dialogue de Mission Cléopâtre (il n'est pas question ici d'une bolinette, m'ais d'une larminette). Le lancer d'assiettes m'a également rappelé La Folie des grandeurs. Serait-ce un hommage, ou juste moi qui, excédé par le film, essaie de me raccrocher à mes classiques du film comique français ?
L'histoire est donc mauvaise et la fin est un déchaînement de poncifs d'un mièvre tout simplement à gerber. Et qu'en fait les fantômes ils reviennent, et qu'elle retrouve son amoureux, et que je t'embrasse, et qu'ils s'embrassent, et qu'on est contents, et que Michaël Youn il est pas mort (vous me direz, pour un fantôme...), et que je suis triste de voir Lionnel Astier et Audrey Fleurot, et même Youn, jouer là-dedans...
On a également droit à du piano moche sur les scènes de "romance" et à des effets de transitions encore plus moches entre les différentes scènes. C'est un film pour môme, d'accord, mais est-ce que ça doit ressembler à un diaporama de vacances fait par un môme ?
Le film plaira peut-être aux enfants, mais je n'en suis même pas sûr, j'espère qu'ils se rendront compte qu'on les prend pour des truffes. Espérons que le degré de bêtise et de nullité atteint durant ces 92 minutes fera suffisamment de bruit pour faire, non pas se retourner, mais bien se relever le vieux Wilde, afin qu'il hante Yann Samuell et les producteurs jusqu'à ce que ce qu'ils se remettent à faire de bons films.
Bouh(ouhouh).