C'est un poncif du western de ces années là que de souligner que Peckinpah est passé par là. Le fantôme de Cat Dancing proposera donc une vision plus crue de la violence, bien que sans exagération. Elle surgit par surprise, et elle est moche, toujours. Puisqu'on parle d'influences, il faut commencer à parler de ce film de Sarafian en commençant par le début, à savoir, le générique. Une succession d'objets iconiques du western, figés comme dans un musée, sur une musique enjouée de John Williams, nous accueille. D'emblée Sarafian se place dans la continuité d'une mythologie bien établie. Ce qui fait peur ensuite, c'est l'exposition, qui semble tirer l'ensemble vers une comédie parodique, faisant craindre que cette ouverture muséale ne soit en fait un tombeau, dans lequel on ensevelirait un genre qui a vécu.
Heureusement, la suite viendra assez vite démentir cette ouverture. Sarafian propose ici un regard, s'approprie les codes pour en faire quelque chose d'autre, pas vraiment du nouveau, n'exagérons rien, mais quand même, un petit pas de côté. L'humour verse dans la noirceur, et la fuite devient parcours initiatique, où la femme (Sarah Miles, très bien) trouvera sa place, et la force de prendre son destin en main. Evidemment, qui dit parcours initiatique, dit attention portée aux personnages, plus qu'à l'action, et donc le rythme de ce western risque de dérouter.
Il me semble pourtant que le film avait été pensé au départ comme une comédie. Je vois cela à certaines scènes, mais aussi à la musique de John Williams, qui est très bonne mais pas tout à fait dans l'ambiance, et donc qui sera absente d'une bonne partie du film. Est-ce que Sarafian voulait quelque chose, et le studio une autre? On a parfois l'impression de voir deux films extrêmement différents cohabiter ensemble, mais cela donne, je trouve, une impression d'étrangeté qui sert curieusement le film, réhaussé par de beaux paysages également, comme il se doit. Au final, Le retour de Cat dancing s'avèrera une très bonne surprise, pour peu qu'on fasse l'effort de rentrer dedans et d'accepter son étrangeté.