Le succès du film de Rupert Julian annonce les films de monstres futurs, comme Frankenstein ou Dracula, pour citer les plus célèbres. Le maquillage de Lon Chaney est exceptionnel, donnant une consistance incroyable au personnage. Malheureusement, en l'état, Le fantôme de l'opéra donne surtout à voir, chose malheureusement courante, un film abîmé par son producteur, inquiet de la réaction du public.
La manière dont Christine Daae succombe aux tentations du monstre est à peine ébauchée. Or des scènes coupées, mais conservées, montrent que le sujet était bien plus développé à l'origine. Le film devait être bien plus long, mais beaucoup plus précis dans sa mise en scène. Les couleurs expressionnistes ont disparues, faisant également perdre beaucoup de l'atmosphère. Il en reste un stupéfiant rouge pour la scène de bal masqué, attestant de la splendeur qu'avait du être le film original.
Ce que donne à voir cette version du fantôme de l'opéra, c'est une plongée terrifiante dans les souterrains oppressants sous l'opéra. Jouant sur d'autres effets car muet, pas de grand oratorio ici, mais un film gothique où la découverte du fantôme, Lon Chaney et son effroyable maquillage, constitue un point d'orgue grandiose. Ménageant ses effets, le film le dévoile très tardivement.