Comment un époux et père de famille modèles, un citoyen ordinaire, peut-il se retrouver en moins de temps qu'il ne faut pour le dire derrière les barreaux? C'est ainsi que sa ressemblance avec un braqueur conduit le musicien endetté Balestrero en prison.
C'est carrément à une étude que se livre ici Hitchcock, l'étude réaliste de l'univers policier et judiciaire tel que le découvre le "faux coupable". Inspiré d'une histoire vraie, le récit s'attache, avec une sobriété et sur un ton confidentiel qui détonent dans l'oeuvre hitchcockienne, à reproduire un fait divers sans éclat dont l'authenticité est garantie par la représentation objective de l'institution policière et, surtout, par la perception qu'en a Balestrero, comme hébété.
Henry Fonda incarne un anti-héros effacé et résigné face à plus fort que lui: l'erreur judiciaire. Dépourvu d'artifices, la mise en scène d'Hitchcock se détourne des sujets extravagants et du suspense spectaculaire qui sont habituellement la marque des polars du réalisateur.
"Le faux-coupable" est, on peut le dire, un exercice de style, sombre (l'humour du cinéaste en est absent) et rigoureux, une manière de filmer différente pour le cinéaste. Reste à savoir si cet Alfred Hitchcock soucieux de véracité et observateur neutre est celui qu'on préfère...Pas sûr. Parce qu'en définitive, et paradoxalement, l'ensemble manque de relief dramatique.