En adaptant le roman de William S.Burroughs, Cronenberg signait peut-être son plus grand film sur l'étude psychologique de l'homme, où ses monstres intérieurs ne peuvent simplement jamais le quitter. Plus qu'une simple comédie noire, il rend à la figure de l'alien l'image d'un confrère, bloqué tel un instrument que l'homme exploite pour prospérer. Thématique donc kafkaïenne, où l'alien, n'est autre que l'écho d'une conscience de toute façon maudite, tristement désenchantée par le monde corporatiste. Surréel, comme dialoguant parfaitement avec l'érotisme et le style organique de son cinéaste, Naked Lunch rappelle la filiation de Spider (le traumatisme d'enfance, quitte à refouler son homosexualité) comme le rapport homme-femme destructeur d'un ExistenZ.
Pulsion incontrôlée pour prise en flagrant délit d'une tromperie, Bill tuera sa femme mais ne pourra l'oublier. Refusant de la voir s'échapper dans une hallucination éternelle, le protagoniste reviendra pieds sur terre : la drogue ne soulage qu'à temps partiel, et il pourrait bien ne pas en réchapper à long terme. Un grand film.