ANATOMIE D’UNE CHUTE, EN MOINS BIEN

Non, le film de procès made-in-France n’est pas mort, et il se porte même assez bien ! 

Néanmoins, je vous arrête tout de suite, il sera normal que vous soyez « déçu » si vous le comparez à Anatomie d’une chute… Sans vouloir être dénigrant, c’est comme comparé un TGV à un tramway !

Mais concentrons nous sur Le Fil…

Le film ne se perd pas en conjecture dans une introduction longue et ennuyeuse de la découverte de tous les personnages etc… Non… En 10 minutes ça va droit au but on sait qui, quoi, pourquoi… on apprendra à connaître les personnages au fur et à mesure du procès, leur psychologie et leur fonctionnement…

Je sais pas si d’autres pensent comme moi, mais le film n’a qu’un vrai axe intéressant qui est la relation entre l’avocat et son client… j’ai aimé leur intimité tout du long, l’hardeur avec laquelle il cherche la vérité ou du moins cherche à faire apparaître une vérité qu’il miroite pour le défendre… 

Le film, du moins au début, nous fait prendre parti pour l’accusé. Ce Grégory Gadebois imposant, sensible, fragile et pathétique à la fois est très très fort. Un vrai bon acteur. Et à chaque étape du procès on vit l’évolution de sa culpabilité ou non avec hardeur. Là où le film réussit  à nous accrocher  c’est dans sa capacité à souffler  le froid et le  chaud sur sa culpabilité. Un moment on le  pense innocent  car son pote semble être le coupable  numéro 1, puis 20 minutes plus  tard d’autres éléments (crédibles, très important) viennent éclairer le cas et tout est chamboulé… Et le film dure  tout du long comme ça, jusqu’au dénouement où il est jugé coupable et où tu sens  cette  chape de  plomb qui tombe sur  tes  épaules… 

PAR CONTRE, la manière dont le plot twist est dévoilé, sa culpabilité, ça  va pas de  nous faire ça  ? Un peu de  tact,  un peu de nuance,  un  peu de mystère  ou de  jeu bordel ! On apprend l’information principale  du film comme ça  dans un couloir du tribunal en deux minutes. Très moyen… Alors ses aveux quant aux attouchements sur sa fille, bien que ce soit issu d’une histoire vraie et qu’il ne faille pas discréditer tous les faits, j’ai  trouvé  ça trop lourd à digérer  surtout en  toute fin  de  film, à tel point que ça  dessert la cause alors qu’elle est très importante…

En y réfléchissant un peu plus, Le Fil a de grand le fait qu’il nous met face à notre vision de  la justice et  de la culpabilité. Tout le long du procès et des joutes verbales entre Daniel Auteuil et Alice Belaïdi on est mis face à notre propre jugement de l’affaire, à tel point que l’on est littéralement à la place du juge, prêt à rendre un jugement… J’ai trouvé tout ça assez juste !

Et donc, j’y viens, le faux axe de développement du film qui en réalité n’en est pas un, c’est toute la mise en scène derrière l’avocat qu’incarne Daniel Auteuil… Non pas qu’il joue mal (grand acteur attention mettons du respect sur son nom), mais le portrait et tout le storytelling derrière son personnage sont un peu ennuyeux… Le film aurait aussi pu s’appeler « Daniel Auteuil roule dans son Scénic avec un air pensif » que ça aurait été approprié… On sent qu’on veut nous vendre une alchimie particulière avec sa femme mais au final c’est assez plat… On sent qu’il est marqué au fer rouge par une ancienne affaire mais l’axe n’est pas vraiment approfondi… J’ai du mal à trouver le caractère sacré du vieux loup solitaire   que l’on essaie de nous vendre…

Enfin bref, Le fil est un bon film si l’on se concentre simplement sur l’aspect judiciaire de la chose. Le spectateur est partie prenante de la quête de vérité, mais l’intérêt porté s’arrête une fois que l’on sort du tribunal… Néanmoins, je conçois que c’est un film important pour mettre en lumière les fléaux que sont les féminicides et l’inceste…