Le fil à la patte

Tiré d'une pièce de théâtre de Feydeau, "Un fil à la patte", le film de Guy Lefranc (1954) reprend la trame générale de la pièce, peut-être en aménageant certains personnages (je ne me souviens plus assez du détail de la pièce) et surtout en élargissant la mise en scène à quelques vues d'extérieur, d'un grand escalier dans l'immeuble ou des coulisses d'un théâtre.

Le scénario du film tourne autour du personnage le comte Fernand de Bois-d'Enghien (interprété par Noël-Noël) qui cherche à se débarrasser de son encombrante maîtresse Lucette, chanteuse de Music-Hall (interprétée par Suzy Delair) pour pouvoir contracter un riche mariage dans le Grand Monde avec la baronne Viviane Du Verger (interprétée par Geneviève Kervine).

Mais des personnages outsiders viennent perturber les petits arrangements en mettant les pieds dans le plat comme le sieur Bouzin (interprété par Bourvil) en parolier et surtout escroc ou bien la future belle-mère interprétée par Gabrielle Dorziat ou encore le docteur, ami de tout le monde mais étourdi, interprété par Henry Crémieux.

Au-delà de l'intrigue elle-même qui comporte pas mal d'éléments comiques, on voit que c'est la distribution des rôles qui va apporter un souffle complémentaire de comique. Ne serait-ce que la volcanique Suzy Delair à qui Noël-Noël, en homme très courageux, n'ose pas avouer qu'il lui faut rompre. Tout en sachant que la très amoureuse Suzy Delair ménage son avenir en douce et se laisse courtiser par un spectateur assidu, un général sud-américain, qu'on imagine richissime, bien entendu …

Noël-Noël ne démérite pas non plus dans son rôle d'homme à double vie puisque sa douce mais délurée fiancée (Geneviève Kervine) est persuadée épouser un véritable bonnet de nuit, ce qui ne l'enchante guère.

C'est Bourvil qu'on découvre ici dans un rôle d'intrigant, du genre à rentrer par la fenêtre après avoir été mis à la porte.

Bien entendu Gabrielle Dorziat est dans son rôle de prédilection de mère de la fiancée qui se préoccupe bien plus des intérêts de sa fille que de son bonheur…

Je ne cache pas que le style a quand même un peu vieilli même si de temps à autre les réparties cinglantes et comiques fusent, déclenchant le rire du spectateur.

Un remake a été fait par Michel Deville en 2005 qui reprend le titre original de Feydeau "Un fil à la patte". Je ne le connais pas mais voyant que le rôle de Lucette (Suzy Delair) est repris par Emmanuelle Béart, je pense que la tonalité du film doit être assez différente.