Echappé dix ans auparavant de sa campagne natale, fâché avec sa famille, Antoine y revient sans enthousiasme pour suppléer son père malade au volant sa camionnette-épicerie. Accompagnée d'une amie étudiante, il arpente les routes de la Drôme d'un village à l'autre.
Vu de loin le sujet d'Eric Guirado n'a pas l'air plus emballant qu'un téléfilm du terroir de France3. Pourtant, le film s'avère, à travers son anecdotisme, plus rigoureux et significatif qu'attendu. Déjà le portrait d'Antoine est habile, jeune homme introverti dont le rapport aux autres, famille, clientèle, stigmatise un certain égoisme, peu de talent pour la communication et, surtout, une réelle méconnaissance de l'humain. Sa personnalité fruste le rend parfois antipathique et, incidemment, fait de lui un piètre commerçant auprès d'une population rurale âgée et isolée qu'il ne connait pas, ne comprend pas, méprise peut-être.
Eric Guirado va au-delà du cas d'Antoine et du reflet de son entourage en invoquant l'idée de service public, de lien social dont l'épicier ambulant n'a aucune notion. Son évolution, sinon sa transformation, est l'enjeu du film: Antoine fera-t-il l'apprentissage de la clairvoyance et de l'empathie?