Exercice d'hostile
Le premier quart d'heure est terrassant de puissance. La façon qu'à László Nemes de suivre Saul à hauteur d'épaule est aussi redoutable qu'efficace. D'abord parce que cela oblige le spectateur à...
Par
le 20 nov. 2015
68 j'aime
11
La critique française est quasi unanime pour dire à quel point Le Fils de Saul (László Nemes, 2015) est un film « choc », « essentiel », qui trouve la manière « juste » de filmer « l’irreprésentable ». Certains néanmoins lui reprochent exactement ce que d’autres louent.
En tête, les Cahiers du Cinéma pointent son attirail spectaculaire, « sur le mode vis ma vie ». Jean-Philippe Tessé butte sur cette approche immersive, qui colle à son personnage principal et nous fait éprouver son expérience. Le problème qu’il soulève est que selon lui, le cinéaste n’est pas à la bonne place. Coller la caméra au dos de son acteur consisterait à donner au spectateur l’impression de vivre une expérience comme « s’il y était », et lui permet de « s’y croire ». Il est vrai que Le Fils de Saul entretient un rapport assez ambivalent avec la notion d’immersion. C’est cette question que j’aimerais développer ici, en passant certainement sous silence de nombreux aspects de ce film. A mon avis, Le Fils de Saul tire sa singularité du fait qu’il n’a pas peur de se plonger à corps perdu dans cette forme dite « immersive », que permet le matériel moderne et qui est surexploité, comme vecteur de sensations fortes, dans les « films chocs » et dans les blockbusters vidéoludiques.
C’est une grande maîtrise technique qui a permis à ce film, où l’on ne voit pas grand chose, de se faire. Il est important de signaler qu’il a été tourné en pellicule 35mm. Nemes, dans les entretiens qu’il a donné et ce dès la présentation du film à Cannes, défend ce support qui permet de faire un film de manière artisanale. Il entend revaloriser le « savoir-faire », en opposition à la confiance aveugle que l’industrie est en train de vouer au numérique. Si je souligne cet aspect, c’est qu’il me semble que la réflexion de Nemes sur la technique, le support, la phénoménologie des images est réellement consubstantielle de son sujet...
Lire la suite : http://miroirs.net/fils-de-saul/
Créée
le 18 janv. 2016
Critique lue 526 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Le Fils de Saul
Le premier quart d'heure est terrassant de puissance. La façon qu'à László Nemes de suivre Saul à hauteur d'épaule est aussi redoutable qu'efficace. D'abord parce que cela oblige le spectateur à...
Par
le 20 nov. 2015
68 j'aime
11
Je suis presque honteuse au moment de reconnaître qu’un film d’une telle force m’a laissée de marbre. Et cette culpabilité même rajoute à mon antipathie. Car si ce film sait par instants se montrer...
Par
le 4 nov. 2015
60 j'aime
11
Saul est un exploité dans le camp d'Auschwitz comme il en existe des centaines d'autres. Il dirige les juifs depuis les trains jusque dans les douches avant de récupérer les cadavres et les amener...
Par
le 13 nov. 2015
59 j'aime
18
Du même critique
Avant de découvrir Julien Donkey-Boy (1999), je ne connaissais de la filmographie d’Harmony Korine que Spring Breakers, et un court-métrage (Umshini Wam, avec les membres de Die Antwoord). Je le...
Par
le 18 janv. 2016
3 j'aime
La critique française est quasi unanime pour dire à quel point Le Fils de Saul (László Nemes, 2015) est un film « choc », « essentiel », qui trouve la manière « juste » de filmer « l’irreprésentable...
Par
le 18 janv. 2016
1 j'aime
Je découvre Sorcerer (William Friedkin, 1977) cet été dans une petite salle parisienne. Je ne connais alors presque rien du réalisateur de French Connexion et de L’Exorciste, mais ce qui m’attire est...
Par
le 18 janv. 2016
1 j'aime