Je n'aime pas les biographies. Jamais. Les scènes de fin avec la photo des vrais personnages et le classique "que sont ils devenus" me donne envie d'avaler la télécommande pour en finir au plus vite. La succès story du "Fondateur" de MacDonalds n'avait donc, sur le papier, rien pour me plaire.
J'oublie comment je me suis laisser tenter, mais de la première scène à la dernière, j'ai été tellement happé, tellement hypnotisé par l'assurance et les yeux écarquillés de Michael Keaton que je n'ai pu détourner le regard, réveillant l'entrepreneur des années 70 qui sommeille en moi (pardon Maman).
Les quinze premières minutes sont déjà fantastiques parce qu'elles montrent avec nostalgie (et de belles couleurs) un monde d'avant MacDonalds. Ce monde, quand on a moins de 40 ans, n'a jamais existé. Le découvrir à travers les yeux fous de Michael Keaton, l'accompagner dans sa découverte extatique du Domac, c'est déstabilisant mais curieusement agréable : comme lui on sait que çà ne peut que faire un carton international. Mais nous, on sait !
Puis très vite, le réalisateur fait le choix de quitter le monde du biopic (un peu comme -attention à la comparaison- The Social Network) pour la translation cinématographique du livre entrepreneurial.
Car certes, l'histoire est belle, et n'a pas besoin d'être romancée ou imagée. Lire la page Wikipédia de Ray Kroc suffit à rentrer dans le monde d'un salaud qui a réussi, à force de travail, de trahisons et d'acharnement à devenir un des plus grands businessman de la planète. Le mythe vivant du self made man que l'Amérique affectionne tant. Une icône pour entrepreneurs. Mais grâce à la partition habitée de Michael Keaton (il est de toutes les scènes), le film dépasse l'histoire de sa vie pour transmettre son assurance, ses mantras au spectateur.
J'ai été dérouté par la portée que ce film a eu sur moi, que ce soit au premier ou au second visionnage. Au cinéma, on a l'habitude qu'on nous raconte des histoires, qu'on nous mette sur la piste d'une réflexion philosophique ou historique, mais pas qu'on nous affirme avec autant d'assurance l'évidence de techniques managériales/entreprenariales. Certes les préceptes de Kroc ont soixante ans, et sa méthode celle d'un Pater Familias élevé au Fordisme, mais tout est encore valable aujourd'hui (et fait penser à Musk chez Telsa notamment).
Le cinéma, par sa portée universaliste (Hollywood véhicule plutôt le capitalisme américain, mais passons) amène déjà une couverture plus large, et un regard sur le passé. Je n'aime pas les biopics, mais sans celui ci, je n'aurais peut être pas connu l'histoire de Ray Kroc. Mais The Founder dépasse son rôle de biopic pour toucher un autre genre assez rare au cinéma et toucher au génie d'un homme. La partition de Keaton en père de l'Amérique y est pour beaucoup, aidant le film à se transformer en une bible pour entrepreneur qui se regarde un peu comme tel. La réalisation colorée, le parti prix général contre les frères Macdonalds, qui ne recherchent pas le profit, finissent de compléter un film à sens unique, qui transmet la fascination qu'on peut ressentir pour les hommes qui font.