« Le franciscain de Bourges » est fondé sur une histoire vraie et adapté du roman de Marc Toledano, un des protagoniste torturé par la gestapo (interprété avec justesse par de Jean-Pierre Dorat). Sensible, Hardy Krüger a refusé tout cachet pour interpréter le rôle titre. Autant-Lara, refusant de tomber dans le pathos, réalise un film sec et souvent austère, sans doute le ton qu’il convient, avec une mise en scène très sobre. Si la plupart des acteurs sont excellents, Hardy Krüger en fait parfois un peu trop et la musique inutile dans certaines scènes devient assommante. L’absence de lyrisme, sans doute un choix pertinent, laisse toutefois le spectateur à distance, même si le côté humanisme du sujet ne peut qu’emporter l’adhésion. Si pour une fois Autant-Lara a rangé sa misanthropie, il n’est pas certain qu’avec Jean Aurenche et Pierre Bost, ils forment le meilleur trio pour porter à l’écran ce roman. Mais ils ont eu le courage de le faire, sans jamais tomber dans la haine facile, séparant bien la gestapo et les SS avec le terrible Basedow (Reinhard Kolldehoff) de la Wehrmacht, représentée par l’intègre mais discipliné Major Schlein (Karl Schönböck) qui obtint l’acquittement de Marc Toledano. Le sublime plan final sur le regard d’Albert scrutant le ciel en quête de réponse, montre quel film aurait put être réalisé avec davantage d’ambition.