Je préfère le dire tout de suite : "Le frisson des vampires" est mon film favori de Jean Rollin (au moins en ce qui concerne sa filmographie fantastique). Pour moi, il s'agît du sommet artistique de sa carrière, du climax de son expérience esthétique, du point G de ce gigantesque orgasme visuel que sont ses films. Oui, pour moi "Le frisson des vampires" c'est tout ça. Et je comprend pas la dureté de certaines critiques à son encontre.
Certains diront que les acteurs sont approximatifs. Je répondrai que la théâtralité de leur jeu renforce l'atmosphère poétique du film. C'est vrai bordel, suffit de voir la scène où les deux vampires expliquent dans un long monologue le résultat de leurs recherches sur les différents cultes exercés dans leur famille à travers les âges pour s'en rendre compte. Certains diront que le rythme du film est trop lent. Je répondrai que c'est pour mieux enchanter le spectateur dans l'ambiance onirique qui se dégage de cette histoire.
Certains diront que le scénario est un peu léger. Mais a-t-on besoin de plus ? Je répondrai que non. Tout est là. La magie est là. Le rêve est là. Ici, contrairement aux deux premières oeuvres du réalisateur, on sent bien que que Jean Rollin (ou Djine Roline, comme on l'appelle dans les pays anglophones) est totalement maître de son oeuvre. Tout est réussi : les cadrages, les lumières, la superbe musique (par Acanthus)... Bref, tous les ingrédients qui font une bonne cuvée rollinesque.
Vous l'aurez compris, j'aime vraiment beaucoup "Le frisson des vampires" et je pense qu'il a sa place parmi les grands films du genre. Probablement l'un des films les plus arty que j'ai jamais vus. Un véritable pied de nez au cinéma "conventionnel" de l'époque. Admirable.