Le docteur Pellegrin que joue Fernandel est un homme sous emprise féminine. A l'heure où il s'installe dans son nouveau cabinet, ce père de deux fillettes, toujours embarrassé de sa vieille mère, se remarie avec une froide bourgeoise. Ne manque plus que la maitresse...
La docilité, pour ne pas dire la soumission, qu'offre Pellegrin aux femmes de sa vie est sans doute le trait essentiel de ce personnage de Simenon dont j'ignore cependant l'importance que l'écrivain lui accorde dans son roman. Une chose est sûre, dans le film de Verneuil, ordinairement peu porté aux subtilités psychologiques, le caractère du docteur n'est, en définitive, pas déterminant.
"Le fruit défendu", qui a les traits de la ravissante François Arnoul, est une énième déclinaison de l'adultère bourgeois et du quadragénaire (Fernandel est un peu vieux pour le rôle) s'entichant d'une trop jeune fille. Comme on pouvait s'y attendre, la matière du sujet s'exprime, suivant le style Verneuil, dans les stéréotypes humains et sociaux: ainsi l'épouse du médecin, soucieuse de respectabilité et de légion d'honneur pour son mari; ainsi la jeune maitresse entretenue et frivole.
Françoise Arnoul fait un numéro de charme dans un rôle conventionnel. Fernandel n'est, quant à lui, guère convaincant -soit il en fait trop, soit pas assez!- dans cet emploi sans nuance d'homme mûr amoureux d'une gamine insaisissable.