Le Futur est femme par Teklow13
Un couple, Anna (Hanna Schygulla) et Gordon (Niels Arestrup), rencontre un soir, dans une boite de nuit, une fille seule enceinte, Malvina (Ornella Muti). Un lien va les unir.
Il est difficile de parler de ce film qui mute constamment et qui surprend à chaque seconde. On y retrouve des thèmes chers à Ferreri, une société en décomposition, mais surtout, la femme. Ferreri a souvent mis la femme en avant, ici elle guide le plan, l'envahi, le fait déborder. C'est un film bâti sur elle, sa place dans la société à cette époque (le début des années 80), ses désirs, d'émancipation, de liberté, de tracer sa propre trajectoire, et son envie de materner. Les hommes ici esquissés par le cinéaste sont des figures grotesques. Réduits à la simple contemplation, réduit à des gestes absurdes, réduit à se mettre nus le sexe à l'air, réduits à mourir la gueule écrasée. L'homme ne guide plus le plan, il le parasite. La spontanéité du film, son coté fou, déraisonnable est lié au mouvement impulsif de la femme. Il se crée ainsi une dynamique, une sorte de danse des corps aléatoires, rythmée par une musique changeante et omniprésente. L'homme végète mais la femme contamine le plan, le vampirise pour l'en faire sien. C'est un gros plan sur un visage, c'est une danse, ce sont des inserts : scènes de visages de vieux films projetés, immenses têtes en cire d'actrices posées dans le décor (Garbo, Dietrich).
Il y a quelque chose de formidable dans ce film, c'est la façon qu'a Ferreri de construire des unités de lieux. Une boite de nuit, un appartement, une ruelle, ... Le cinéaste crée des blocs fantastiques, surréalistes. En utilisant le décor, en jouant avec le rythme, les déplacements des acteurs, les sons. Le film bascule constamment sans prévenir. Et en déstabilisant ces unités de lieux il bouscule également les unités de temps, on est perdu, ça ressemble aux années 80, mais c'est ailleurs, sur une autre planète, à une autre époque.
Ce film est génial.