Un jeune garçon part à la recherche de son père, ce dernier contraint de partir travailler dans un lieu inconnu afin de subvenir aux besoins du foyer. Ce petit bonhomme au visage rond va alors se confronter à la réalité du monde qui lui apparaîtra beau et étrange dans ses yeux juvéniles. Le réalisateur a fait le choix de proposer une vision subjective du monde par ce garçon, il est donc naturel de trouver un univers aux traits enfantins.
« Le garçon et le monde » est une merveille.
Un déferlement, un tourbillon, un feu d'artifice de couleurs et de formes diverses et variées composent ce joli film d'animation de 2014. Le tout dans un rythme fluide et aérien, 1h20 empreint de légèreté, de fraîcheur et de poésie. L'enfant flotte sur les nuages et les bulles de musique, court, saute, il est insouciant dans ce monde dur qui est pour lui un terrain de jeu. On s'en prend plein les yeux, avec ces tracés aux crayons de couleurs, aux coups de pinceau, collages, couleurs vives et lumineuses. Une esthétique quatre étoiles qui n’omet pas le propos. Le fond allie la forme. Œuvre engagée, le réalisateur Alê Abreu montre les bouleversements qu'engendre la mondialisation sur la société brésilienne. L'innocence et la liberté se confrontent à l'ordre et au progrès à tout prix. Préserver l'enfant qui est en nous, pour ne pas basculer dans un monde déshumanisé, tel est sans doute le message.
C'est aussi le portrait intime de la vie, le chemin de l’existence vu à travers le regard de ce garçon. L'importance de la filiation n'a jamais été aussi fort, où la chaleur de la famille est le refuge face à la cruauté des rouages de la société. Une société qui nous pousse à quitter nos proches pour survivre, quitte à perdre nos repères.
On notera aussi la qualité de la bande son, l'habillage sonore et la musique aux belles sonorités latines qui se marient comme il faut avec les images et les différents tableaux de l'histoire.
Scénario, animation, bande originale, rien est à jeter. A voir, de 7 à 77 ans !