Marie est une jolie femme qui vit de ses charmes à Marseille. Elle est mère d’un garçon qu’elle a placé en nourrice chez un berger en Provence. Le film débute alors qu’elle va lui rendre visite en pleine montagne désertique des Alpilles. Son arrivée en car, au bout d’un chemin caillouteux qu’il lui faut finir à pied avec chaussures à talon et renard sur les épaules sous un soleil de plomb, dessine en quelques traits son monde et son caractère. Elle ramène à la ville son fils, petit sauvageon subjugué par la beauté de sa mère à qui il voue progressivement un amour exclusif. Il s’habitue à ses rencontres avec des Messieurs, mais va éprouver un sentiment de jalousie profonde quand sa mère va le délaisser pour s’amouracher d’un gigolo, petit truand et séducteur de bas étage, pleutre et antipathique. Le conflit avec l’enfant est inévitable.
L’appel vers la mer, où il est engagé comme mousse à la fin du film répond alors en écho à la scène de montagne du début où il était heureux en gardien de brebis. Il quitte Marseille, la ville du mal et du désamour et retrouve de manière providentielle, la pureté de la nature, des grands espaces et l’honnêteté d’une figure quasi paternelle, le capitaine de bateau en double du berger du début, personnages humains, vertueux, respectueux.
Le Garçon sauvage est un très beau film de Jean Delannoy. Réalisé de manière classique mais vivante, l’ambiance de Marseille, de ses venelles en escaliers, de ses bars, du grouillement de ses petits métiers est particulièrement savoureuse. Le film laisse toute leur place au scénario et aux personnages. La direction d’acteurs est minutieuse, les répliques de Jeanson ne perdent jamais de leur mordant. L'intrigue est émouvante et Delannoy contourne les pièges de la moralisation. Les acteurs sont très bons : Madeleine Robinson dans un vrai beau rôle est excellente (son meilleur rôle ?) , son comparse Franck Villard est parfait dans son rôle de séducteur de bas étage, pleutre et antipathique ; l’enfant est parfait de vivacité et de tendresse.