Kurosawa reste dans son principe du "un pour moi, un pour toi". la Toho lui a permis de faire "les bas fonds", en échange il a fait "la forteresse cachée". Pour cette fois ci, la possibilité de faire "les salauds dorment en paix" a amené à "Yojimbo". Evidemment ça ne diminue en rien la qualité de ses films plus populaires, apportant toujours le même soin à son art. On pourrait même voir une continuité du précédent. il est toujours question de voyou et de corruption mais dans un registre plus léger. Car le film l'ai pendant au moins les deux tiers avec des personnages peureux et/ou bêtes que Sanjuro (Toshiro mifune) manipule. D'ailleurs Mifune m'avait toujours impressionné par son charisme et son aisance à l'écran mais son interprétation a donné quelque chose en plus, la naissance d'un personnage singulier grace à des gestes de l'ordre du tic comme se gratter la tête ou toucher son menton dans la main, sans compter son incroyable maitrise du sabre.
Kurosawa en grand amateur de western l'invoque inévitablement dans le film. le scope est encore une fois utilisé avec grand soin. le village désert, poussiereux, le vent sont autant d'élément qui le prouve. mais il invoque aussi le film de gangster. Pendant la moitié du film, il n'y a pas de figure héroïque. Sanjuro profite de la situation pour s'enrichir, les villageois sont cloitrés de peur et les autres sont des voyous. Toutefois la mise en scène de Kurosawa n'est pas fortuite et préfigure du changement à venir. En fonction de la situation, Sanjuro est parfois de profil au premier plan et les voyous sont en arrière plan de face, montrant ainsi qu'il n'est pas comme eux. D'ailleurs on pourrait même aller plus loin. Les plans quand il observe sont soit en hauteur soit limité à regarder entre deux planches en bois comme les bords d'un cadre, il fait des commentaires de l'action et en manipulant décide des événements. Le paralléle avec le réalisateur est tout trouvé.
Finissons avec la question du plagiat/remake de Sergio Leone. La trame est identique à quelques points près mais en ce qui concerne les plans (attention je parle des plans pas des situations), il n'y a quasiment aucun point de comparaison. Ensuite Kurosawa s'inspire fortement de deux livres "La Moisson rouge" de Dashiell Hammet (Détective privée nettoyant par la ruse une ville gangrénée par le vol et la corruption) et la clé de verre (sur la corruption politique). En cela le livre est veritablement le point de départ. Toutefois Leone aurait du annoncer "pour une poignée de dollars" comme un remake.
Le film de part sa fluidité, sa mise en scène, sa musique et ses personnages impressionne encore aujourd'hui.
Un justicier dans le village /20