Sanjuro est un rônin, un samouraï sans seigneur ni maître. Il erre jusqu'à arriver dans une petite ville gangrenée par le jeu, la corruption et la spéculation sur la soie, et où deux clans s'affrontent. Il entend bien profiter de la situation en jetant de l'huile sur le feu.
Le western classique revisité à la sauce Kurosawa, avec pour cadre une ville de la fin de l'ère Edo. Un festival de gueules mémorables (depuis l'aubergiste jusqu'au géant avec un maillet), de méchants surexcités, cupides, grotesques et lâches, de lécheurs de culs, de petites gens humbles pris dans la tourmente, de sabres et au milieu de tout cela le héros (ou plutôt anti-héros), l'arbitre, le rônin taciturne, rusé, intéressé par le profit mais compatissant et juste, sans égal au maniement du sabre, interprété par l'immense Toshiro Mifune, le tout sur fond de musique japonaise traditionnelle virant au jazzy, pour un résultat on ne peut plus délectable.
Kurosawa joue brillamment avec les travers de cette ville meurtrie par la corruption, à laquelle le héros apportera bien plus que des coups de sabre fulgurants dans la mauvaise graine.