La brigade de Saint-Tropez a été désignée pour représenter la France au Congrès International de la Gendarmerie qui se tient à New York.Une belle balade touristique en perspective si ce n'était l'irruption de Nicole,la fille du maréchal des logis-chef Cruchot,qui voulait absolument faire le voyage et s'est embarquée clandestinement.Son père va passer son temps à la poursuivre à travers tout Big Apple.La Société Nouvelle de Cinématographie de René Pignières et Gérard Beytout n'a pas traîné après le triomphe en 64 de sa comédie "Le gendarme de Saint-Tropez" et s'est empressée de décliner le concept avec cette suite tournée dans la foulée en attendant les quatre épisodes qui suivront.Jean Girault est responsable de la réalisation et du scénario comme il le sera sur toute la saga,avec à nouveau Jacques Vilfrid en coauteur du script,sur une idée de Richard Balducci,la seule qu'il ait eue de sa carrière.On retrouve également l'assistant Marc Simenon,fils du grand Georges,et le musicien Raymond Lefèvre,bien connu à l'époque pour avoir été le chef d'orchestre de la célèbre émission de variétés de Guy Lux "Le palmarès des chansons".Tony Aboyantz arrive en renfort comme assistant,et il ne quittera plus la franchise,réalisant même en partie le dernier film,"Le gendarme et les gendarmettes",après le décès de Girault durant le tournage.Le monteur Albert Jurgenson,grand pote à de Funès,et l'opérateur Edmond Séchan n'étaient en revanche pas sur le premier film.De gros moyens ont été alloués,ce qui a permis de tourner en Amérique,mais cette sequel se révèle franchement moyenne.Le fil rouge narratif de la poursuite de Nicole est très faible et semble n'être qu'un prétexte à dérouler un dépliant touristique accumulant les clichés sur New York,les USA,les ricains,les français et même les italiens.Au fil de cavalcades débiles et de gags navrants,on a droit à à peu près tout,du paquebot France à la statue de la Liberté en passant par les taxis jaunes,les gratte-ciels,les quartiers ethniques,les flics omniprésents,virils et serviables,les émissions de télé dynamiques,les voyous qui traînent,dans un mélange de rythme déchaîné et de quiproquos absurdes.Il faut cependant reconnaître que tout ça est tellement con que parfois l'ambiance délirante provoque des instants d'intense drôlerie,dues généralement au monstrueux abattage d'un de Funès lancé à bloc.Du coup c'est souvent raté,voir la pitoyable parodie de "West Side Story",mais quelquefois on est pris dans le tourbillon.La photo nette aux couleurs éclatantes typique de l'époque est très agréable,ainsi que la fameuse musique martiale devenue quasiment un hymne tropézien alors que la qualité des plans oscille entre transparences lamentables et vues en hauteur presque angoissantes de cette forêt d'immeubles.Louis de Funès fait son show et écrase le reste de la distribution avec une énergie démentielle et une efficacité jamais prise en défaut.Il le tient bien son Cruchot,entre autoritarisme pathologique,violence difficilement contenue,servilité quand c'est nécessaire et ruses hypocrites.Les scènes du base-ball ou de la malle sont carrément anthologiques.Geneviève Grad est une piètre actrice et son personnage de péronnelle idiote n'arrange guère son cas,ceci dit elle est très jolie et la voir malmenée par son père est plutôt jouissif.Les autres gendarmes sont du coup réduits à la portion congrue,seuls Michel Galabru,éternellement savoureux en adjudant Gerber gueulard mais manipulé par son adjoint,et Jean Lefebvre, le malchanceux Fougasse qui,entre maladie et blessure ne verra rien de New York,sortant leur épingle du jeu.Christian Marin,Guy Grosso et Michel Modo sont bien sympas mais n'ont pas grand-chose à faire.Quelques figures connues se signalent à l'occasion,Pierre Tornade en docteur,Dominique Zardi en pandore italien ou l'américain du cinéma français Billy Kearns,qui eut sa petite heure de gloire en incarnant Bill Ballantine dans la série télé "Bob Morane".Quant à la scène avec France Rumilly,la célèbre bonne soeur chauffarde en 2CV,elle n'a aucun intérêt ni aucune justification et relève de ce qu'on appellerait aujourd'hui le fan service.