Mine de rien, ce troisième opus du « Gendarme » propose une originalité dans la filmographie de de Funès. Si on connait son peu de goût à se mettre en scène dans des scènes amoureuses, son « coup de foudre » pour Josépha et l’amour réciproque que celle-ci lui porte aussitôt sont au cœur de cet épisode qui se démarque des précédents. Le lien entre le gendarme et sa fille est en effet désormais relégué au second plan. Ce sera d’ailleurs le dernier de la série interprété par Geneviève Grad. Même si elle occupe un rôle important, son sort est curieusement expédié à la fin puisqu’on la marie presque en catimini ce qui, dans de nombreux films de de Funès, aurait constitué un sujet central. On pourra regretter que cette péripétie n’ait pas été davantage exploitée.
Comme lors du deuxième opus, l’ensemble est bien plus équilibré que le film initial. Les rapports entre les différents gendarmes sont parfaitement exploités (la bataille entre Gerbert et Cruchot pour décrocher le grade d’adjudant-chef est un régal, notamment lors de l’examen). Si le fil conducteur est mince, les péripéties s’enchaînent plutôt bien et ne donnent pas l’impression de sketches collés les uns aux autres. Les dialogues sont souvent savoureux, les acteurs excellents (tous les gendarmes ont trouvé leurs marques et l'arrivée de Claude Gensac est un atout indéniable). Quant à certaines scènes (le cours de danse et l’intrusion de Mario David déguisé en femme, la boite de nuit, l’examen), ce sont de pures séquences culte. Ajoutons à cela une pincée d’esprit cartoonesque (le coup de foudre, les courses-poursuites, les crachats d’eau, de Funès « miniaturisé ») et une pointe de burlesque au milieu d’un esprit toujours aimablement franchouillard, et on obtient un des meilleurs opus de la série.
Le concept du « Gendarme » paraît toujours simple. Ceux qui ne l’aiment pas et/ou qui ne sont pas fans de de Funès disent simpliste. La mécanique de l’ensemble, quand on veut bien se pencher dessus, est cependant bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne suffit pas de mettre un acteur sous le soleil de Saint-Tropez et de prétexter un vaudeville pour faire ronfler le moteur. Il s’agit de piocher dans différents types de formes de comique (du grotesque enfantin aux études de caractères) pour faire rire un public qui soit le plus large possible. Ce n’est évidemment pas très subtil mais le résultat est très efficace.