A la suite du rapt et de l'assassinat d'un enfant, trois hommes sont arrêtés alors qu'ils n'étaient que deux à être pourchassés par la police. La mauvaise réputation du cinéma d'André Cayatte, due en grande partie à son rejet viscéral par les tenants de la Nouvelle Vague, a tendance à s'estomper ces dernières années et ce n'est que justice. Le glaive et la balance est l'un de ses meilleurs films sur un thème qui passionnait l'ancien avocat devenu réalisateur : vaut-il mieux condamner un possible innocent ou laisser en liberté un éventuel coupable ? En l'occurrence, ici, deux hommes sont manifestement responsables d'un double meurtre et un autre non (quoique) mais impossible de ne se fier à autre chose qu'à son intime conviction. Cayatte en arrive à la conclusion que parfois la justice est incapable de trouver la vérité, tout en fustigeant la vindicte populaire lors d'une horrible dernière scène. Malgré un petit coup de mou dans la deuxième partie (la révélation du passé des trois suspects est trop longue), le film est sacrément malin pour nous faire nous interroger jusqu'au dénouement. Derrière Brialy, Perkins et Salvatori, ce sont les seconds rôles tenus par de vieux briscards (Fernand Ledoux et Jacques Monod) qui impressionnent.