Chuck Tatum est un journaliste aux dents longues et à la personnalité bien affirmée. Après s'être fait virer de journaux importants pour toutes les raisons du monde (alcool, femme, déontologie...) il se retrouve en panne à Albuquerque et utilise sa gouaille ravageuse pour se faire embaucher dans le petit journal familial et pépère du coin, vous savez, celui qui va suivre la ténébreuse affaire de la disparition du caniche de Mrs Jones, ou encore la dernière course aux crotales des pécores du coin...
Mais Tatum attend sa chance, il y croit, il sait qu'un gros coup peut le remettre en selle nationalement, alors il ronge son frein, remonte ses bretelles et part observer les crotales en rêvant à l'affaire tragique qui lui permettrait de fuir les bouseux définitivement...
Lorsqu'il tombera sur l'affaire de sa vie, Tatum essaiera par tous les moyens de la faire durer le plus possible, jusqu'à la démesure et c'est là que le film est absolument merveilleux. Derrière un Kirk Douglas en grande forme, le Barnum commence et laisse pantois. Plus que les pratiques douteuses de la presse, Wilder s'en prend aux vrais responsables, à la foule béate et dégénérée qui attend la bouche ouverte sa ration quotidienne de petits drames minables, et tremble de philanthropie à bon marché devant les mésaventures humaines les plus insignifiantes en dévorant sa ration de pop-corn. L'empathie à bon compte, la tragédie dans les chaumières, le bon coup de sang qui fait du bien et qui donne quelque chose à raconter pour la prochaine visite chez la coiffeuse...
Au milieu de la foule déchaînée, Kirk croit tenir les rênes comme n'importe quel petit pisse-copie d'aujourd'hui devant son pseudo-scoop, c'est dingue tout de même la présence que ce type dégage quand il s'agit de jouer une magnifique canaille... Autour de lui, ils sont tous formidables aussi, Porter Hall en petit directeur de journal prudent et circonspect, le petit puceau qui sert de photographe et puis Jan Sterling, la vamp du pauvre, qui pue un peu le sexe tout de même derrière sa vulgarité, son ennui... et la moiteur du désert...
Alors peut-être que la fin est un peu plus convenue, peut-être que le ton n'est plus aussi incisif, mais bordel ! Ca faisait des années que je n'étais pas allé découvrir un aussi bon film en salle, moi, ça fait un bien fou !