La Palme et la mort
La caméra de Kiarostami suit un homme en voiture, un homme nourri par une volonté que l'on pourrait croire immuable. Au milieu des chemins sinueux, on discerne la vie intérieure et abstraite de cet homme voulant mettre un terme à celle-ci. Et il ne sera jamais question du pourquoi. On accompagne le personnage dans une certaine exploration de la fragilité de la vie. Le cinéaste tend à illustrer l'ambivalence du désir de vivre à travers de multiples échanges jusqu'à la dernière séquence aussi forte qu'inattendue, ultime séquence qu'il ne s'agira pas de comprendre. Le Goût de la cerise, au-delà d'être un film remarquable, est surtout la preuve d'un cinéma personnellement engagé. L'œuvre est interdite en Iran, Kiarostami ne l'ayant pas présentée au Festival de Téhéran afin d'obtenir l'aval de la censure et son thème central, le suicide, est un sujet tabou. Toutefois, à la dernière minute, il sera présenté en compétition officielle après avoir obtenu le précieux visa de sortie de Téhéran. Le lendemain, il sera récompensé.