"Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N'admet avec son sang aucun sang étranger,
Et ne reconnaît point les fruits illégitimes
Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes."
In BERENICE de Jean RACINE (Paulin, acte II, scène 2) pièce choisie à dessein par l'autrice.
Voilà un film qui repose tout entier sur l'équivoque du mot "goût".
Goûter les autres comment apprécier les autres avec cette faculté psychique de discernement analogue au sens du goût ; c'est aussi le goût par sentiment du beau ; avoir envie des autres ; mais aussi le bon ou le mauvais goût. Jusqu'à l'affiche qui mérite qu'on s'y arrête.
Les deux fils conducteurs (Chabat et Lanvin) du film se posent les questions existentielles les plus improbables du monde allant de l'infidélité à la flûte traversière.
Il y a celle à qui personne ne plait, qui refuse de dépendre du désir des autres ;
Celui qui fait ce pour quoi il est engagé, restant à sa place, toujours à sa place, rien qu'à sa place ;
Celle qui n'a qu'un chien ; celle qui n'a personne...
Et puis il y a celui qui n'a pas de goût pour rien, pour l'autre et se révèle jusqu'au ridicule juste par amour.
Cet inadapté social qui empruntant un chemin inconnu se retrouve finalement au milieu du monde.
C'est l'histoire de ces autres qu'on ne rencontre finalement jamais, parce qu'ils se ratent.
Clara (Anne Alvaro) est embellie plus encore par le regard de Jean-Jacques (Jean-Pierre Bacri), comme quoi "c'est drôle ces idées qu'on se fait sur les gens" dit Valérie, la costumière, vêtir et goûter.
Un petit cameo, si ma vue ne m'a pas trompé, Jean-Pierre Darroussin dans la salle de théâtre, au fond au début du film, lit un journal en attendant le début de la pièce.
Nota : Et voir Bacri et Yordanoff en ce début 2021 a un arrière-goût aigre-doux difficile à savourer