Même quand j'étais gamin, je me suis vite lassé des très nombreuses comédies basées sur la gaucherie maladive de Pierre Richard, qui ont pullulé dans les années 70 et 80.
Avec ce film signé Yves Robert en 1972, on se trouve encore au début de cette tendance, entamée avec "Le distrait" deux ans plus tôt.
On pardonnera donc plus aisément certaines facilités d'écriture, d'autant que la maladresse de Pierre Richard n'est pas l'unique ressort comique du "Grand blond avec une chaussure noire", qui exploite plusieurs autres sources de rire, entre personnages secondaires gratinés (Jean Carmet en survêtement, c'est quelque chose), gags visuels (le concert salle Gaveau), comique de situation, et une pointe d'humour noir assez macabre.
Les dialogues signés Francis Veber (également au scénario) en sont une autre, même si on constate aussi les limites du bonhomme dans cet exercice.
On assiste donc à une comédie d'espionnage qui parodie les standards du genre : la vraisemblance n'a pas voix au chapitre, et certains passages s'avèrent franchement lourds, mais l'ensemble n'a pas si mal vieilli (ainsi, j'ai trouvé le grain de l'image très agréable à l'œil).
Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié les quelques vues prestigieuses sur la capitale parisienne, à l'image de l'appartement rococo du colonel Toulouse, au pied de la Tour Eiffel.
En revanche, la musique sautillante de Vladimir Cosma m'est apparue entêtante voire pénible : je n'ai rien contre les mélodies "faciles" qui ont fait la réputation de leur auteur, mais le grand succès de cette composition à base de flûte de pan me laisse dubitatif.
Un dernier mot sur le casting, globalement convaincant autour de quelques vedettes de l'époque : Jean Rochefort, Bernard Blier, ou encore Mireille Darc et sa fameuse robe noire Guy Laroche...