Tout un jour et toute une nuit, des automobilistes romains sont bloqués dans un monstrueux embouteillage. Et quand le cortège de véhicules impatients finit par s'arrêter complètement -aux abords d'un cimetière de voitures!- c'est la société entière qui se fige.
Dans cette image arrêtée de l'Italie contemporaine, Luigi Comencini explore les comportements de quelques uns, reflets désenchantés d'une humanité consternante. Satirique, mais sans truculence, la comédie de moeurs glisse insensiblement dans l'amertume, voire dans le sordide.
Du personnage joué par Alberto Sordi, industriel pressé et arrogant, prétendument socialiste, à celui qu'interprète Marcello Mastroianni, vieil acteur fatigué et désabusé, Comencini dévoile l'individualisme et l'opportunisme, des mesquineries et des névroses qui émanent, toutes couches sociales confondues, de la civilisation occidentale d'aujourd'hui. Et le cinéaste blâme autant l'éminent citoyen Sordi que son factotum soumis.
Moins féroce et coloré qu'un Dino Risi, Comencini n'en demeure pas moins incisif. En revanche, sa mise en scène, déterminée par une action devenue par la force des choses statique, nous plonge dans une certaine léthargie, à l'image de ces automobilistes passant la nuit dans leur voiture. Probablement parce que le film se détourne de la pure comédie sans toutefois bénéficier, a contrario, d'une véritable matière dramatique.