Le film part sur des bases très rapides. Très bien, le cadre est posé, pourquoi pas. Mais bordel, 2h sur le même rythme effréné avec cette voix off incessante et ces dialogues récités à une vitesse électrique ! Même plutôt bien écrits, l'enchainement des dialogues devient vite indigeste. Et pourquoi avoir prolongé la voix off tout au long du film, si ce n'est pour nous abreuver de détails inutiles comme si la production avait oublié de désactiver le télétexte ?
Et puis c'est d'un prévisible... La descente aux enfers d'une jeune femme de pouvoir qui manipule des hommes, bafoue la morale et s'arrange avec la légalité, après un succès initial fulgurant, dans le but de prendre sa revanche sur une vie lui mettant injustement des bâtons dans les roues, alors que son talent devait l'amener à un succès inéluctable ? Déjà vu. En plus de ça dans le monde de l'argent ? Tiens tiens ça nous rappelle Le loup de Wall street. En beaucoup moins puissant et magistral. Car ce dernier savait prendre aux tripes en poussant à l'extrême l'immoralité. Il savait changer de rythme et surprendre le spectateur. Le présent film enchaine les étapes de la vie de Molly sans grand revirement, toujours sur le même rythme, d'une manière qui en devient très linéaire et attendue.
Bon... Arrive la fin. 20 dernières minutes où enfin le rythme s'apaise. Dieu merci ! Mais tout ça pour quoi ? Une belle psychologie de comptoir où le réalisateur semble, et c'est assez déconcertant, sans la moindre ironie, tout pardonner à notre "clever woman" reine de l'argent qui finalement doit son comportement à une "erreur de parcours" dans le chemin vers le succès qui lui revenait de droit. Et que dire de la dernière scène où
un juge se permet d'invoquer ses convictions politiques et morales pour acquitter notre belle héroïne sans aucune autre forme de procès.
Scène absolument WTF. Etant étudiant en droit, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer.
Reste que le film parvient tout de même à tenir en haleine pour le jeu de Jessica Chastain et les dialogues qui, avant les 20 dernières minutes, bien que donnant parfois mal au crâne, restent de bonne qualité.
Conclusion : le génie ne se commande pas. Un petit réchauffé de Scorsese au féminin, cependant bien plus bien convenu et qui n'apporte finalement pas une grande valeur ajoutée à son sujet.