"Le grand mouvement" commence par panoramique frémissant de chaleur de la Paz. Ce début prend des allures de films de science-fiction, par des zooms très lents sur les nouveaux quartiers, avec les nacelles qui sillonnent le ciel et des travellings rapprochés sur les bâtiments laissent supposer l’entassement et l’enfermement. Dès le début, Kiro Russo, en choisissant de distordre certaines images, introduit la singularité de son cinéma. Après le titre du film, c’est le La Paz populaire qui nous est donné à voir. Le film sera le mélange d’un cinéma du réalisme social avec ses personnages pittoresques, et de la magie, avec des plans fulgurants, que ne peut générer que l’image d’avant-garde. Les visages sont filmés de si près, que, dans la pénombre, ils semblent être des paysages. Des effets de superpositions étonnent. Les lents zooms semblent vouloir entrer dans les choses, les personnes. Le problème, c’est que les deux genres peinent à faire ensemble, il y a trop de ruptures entre la trivialité et l’onirisme. Kiro Russo reste néanmoins un cinéaste à suivre.